► Déclaration liminaire de Convergence Infirmière lors de la séance du 22 février 2019 : négociations conventionnelles infirmières… ou vrai marché de dupes ?
Monsieur le Directeur, Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui, 22 février, c’est normalement ″la dernière séance″… non, non, non : pas celle d’Eddy Mitchell, tube mythique qui lui aura été très lucratif ! C’est la dernière séance des négociations qui, malheureusement, devrait être beaucoup moins lucrative. Pour les infirmières, j’entends…
Au final, nous nous sommes réunis 31 fois, alternant négociations et GT depuis le 12 juillet 2017. Sans parler de la séance préalable à cette date, pour entendre – et je dis bien ″entendre″ – mais pas écouter, les demandes de la profession.
Les 31 déplacements de notre équipe nous ont couté, Monsieur le Directeur, la bagatelle de 43 400€ de frais de déplacements, auxquels il faut ajouter une moyenne de 62 500€ de perte de revenus (fourchette basse), sans compter les frais de restauration, d’hôtellerie et j’en passe…
Or, nous ne sommes pas indemnisés pour ces frais, et nous ne bénéficions pas – à l’instar des médecins – d’un fonds conventionnel nous permettant de pallier à ces pertes… à moins qu’une surprise ne nous soit dévoilée aujourd’hui !
Que dire, donc, de cette négociation, si nous pouvons appeler ça une ″négociation″ ! À chaque fois que nous émettons des propositions, vous nous rétorquez ″on va regarder ça″, ou vous nous opposez, à la séance suivante, le coût de la mesure ou le risque pour l’assurance maladie que vous ne souhaitez pas prendre, dès lors que vous n’avez pas de visibilité, ou l’effet de champ, ou de volume !
Comment changer un système sans prendre de risque(s), Monsieur le Directeur ? Et puis, entre nous, pourquoi les risques devraient-ils seulement être pris par la profession ?
Dans les propositions élaborées par Convergence Infirmière, nous avions demandé la consultation douleur, véritable avancée pour les professionnels, car nous sommes confrontés à la douleur chaque jour. Nous avions ainsi proposé de travailler sur une visite de surveillance clinique infirmière, qui permettrait de suivre – et notamment en équipe de soins primaires, mais pas seulement – les patients atteints de pathologies chroniques comme ceux atteints de cancers, pour éviter les complications, pour éviter les hospitalisations et pour diminuer le temps médical, si précieux en ces temps de pénurie. Évaluer la fragilité d’un patient pour éviter la dépendance faisait également partie de nos propositions… elles n’ont pas été retenues !
Nos études et nos projets portaient également sur la possibilité de prescrire des compléments alimentaires, mais aussi du sérum physiologique. Là encore, l’objectif était d’éviter le recours au médecin… et les dépenses qui vont avec ! Nous souhaitions également pouvoir prescrire des chaussures, afin d’éviter les chutes aux personnes âgées, source d’hospitalisation, de dépendance : ce qui induit inévitablement un coût pour l’assurance maladie. Et à nouveau, nous n’avons pas été entendus !
Et que dire des propositions sur lesquelles nous avions travaillées tous ces derniers mois, pour lesquelles, une fois de plus, nous n’arrivons pas à obtenir des actes avec une vraie valorisation ? C’est le cas du bilan médicamenteux, à hauteur d’un AMI 7,1 au lieu d’un AMI 5,1, ou de la séance en post op qui sera d’un AMI 3,9, alors que nous demandons un AMI 5,1.
Quant à la PEC des patients dépendants, on est très largement en deçà de ce que les autres pays octroient. Pour vous donner un ordre d’idée, en Belgique, les forfaits alloués à la PEC de la dépendance par les infirmières s’échelonnent de 500€ à 1500€, selon l’état dans lequel se trouve le patient.
Les infirmières des Pays-Bas, elles, sont payées 60€ de l’heure pour une PEC holistique de la personne, allant des soins techniques à l’hygiène, en passant par la prévention, l’éducation, la coordination, l’organisation des soins…
Ce que vous nous présentez, pour la PEC de la dépendance, soit l’outil BSI et ses forfaits tels que présentés vendredi dernier, ne correspondent pas à nos attentes. Et puisque vous ne souhaitez pas prendre de risques, c’est bien à nous que vous les faites tous supporter. Nous nous y opposons fermement : cela est profondément injuste !
Des propositions seront donc faites en séance, et notamment celles décidées ce matin avec les deux autres syndicats. À propos du BSI, par exemple, qui, je vous le rappelle, doit être un outil d’évaluation de la charge en soins, afin d’abolir la notion de temps !