ON PENSAIT AVOIR TOUT VU… MALHEUREUSEMENT, L’IMAGINATION DU GOUVERNEMENT EST SANS LIMITE !

► Convergence Infirmière dénonce les conditions d’accès à la formation d’infirmier… désormais le baccalauréat est facultatif !

Les gouvernements qui se succèdent ne nous ménagent pas. Un peu comme s’ils avaient une idée derrière la tête et que, plutôt que de nous la livrer d’entrée, les ″politiques″, toutes tendances confondues – à croire que c’est une coalition… – posaient leur jalon un par un, année après année, pour totalement nous décimer. Leur dernière trouvaille ? Une mesure démagogique à destination des plus jeunes : s’affranchir du baccalauréat pour obtenir un Diplôme d’État d’Infirmier ! Petit rappel des faits et – désastreuses – conséquences sur notre profession.

UNE VALSE À TROIS TEMPS…

1) D’abord, on nous démantèle par la mise en place de l’exercice partiel à la profession infirmière. Souvenez-vous : l’article était publié au Journal Officiel à pareille époque, l’an dernier, et autorisait des professionnels de santé partiellement qualifiés, issus d’un autre État membre de l’Union Européenne, à pouvoir exercer en France avec leur titre. L’arrivée de ces professionnels – aux compétences plus que ″floues″ – ne pouvait que déprécier l’offre de soins, car qui sera en mesure de donner des garanties aux usagers ?

2) Ensuite, on nous dépèce, en offrant sur un plateau d’argent nos actes, comme nos compétences, à d’autres professionnels de santé. Il en va ainsi de la vaccination antigrippale, désormais ouverte aux pharmaciens, sous le regard bienveillant d’Édouard Philippe et de son gouvernement. Et puis, après la vaccination, viendra le temps des soins ambulatoires, de la prévention, des conseils…à se demander ce que les ″autres″ ne savent pas faire ?

3) Désormais (pour celles et ceux qui ont survécu !), on nous déprécie. La suite logique, finalement… Pour ce faire, le concours d’entrée dans les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) sera supprimé… et pire, le baccalauréat ne sera plus obligatoire ! Tout du moins pour le tiers (c’est un minimum !) des effectifs. Autant dire que notre diplôme, totalement dévalorisé, est désormais jeté en pâture à qui voudra bien se donner la peine de se baisser pour le ramasser…

UN DIPLÔME BIENTÔT SANS VALEUR ?

Aujourd’hui, globalement, les formations des professionnels de santé gagnent en qualité. Rigueur et précision sont devenues la norme… sauf pour le Diplôme d’État d’Infirmier ! Ici, il ne s’agit plus d’atteindre l’excellence, mais de brader ce qui peut l’être.

Si les bacheliers souhaitant accéder à un IFSI devront en passer par la plateforme ″Parcoursup″ avant de faire l’objet d’une sélection, les candidats relevant de la formation professionnelle continue – donc non assujettis à l’obtention du baccalauréat – devront, eux, passer une épreuve écrite et une orale. Rien d’alarmant jusqu’ici, si ce n’est que ″l’arrêté du 13 décembre 2018 modifiant l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’Etat d’infirmier″ prévoit que l’effectif d’étudiants relevant de la formation professionnelle continue soit fixé à 33%. À minima. Sans limite, donc. Ce qui est particulièrement inquiétant.

Il ne s’agit plus, ici, de permettre aux AS, AP, AMP, comme à ceux qui ont exercent depuis cinq ans d’accéder à l’IFSI : l’objectif est qu’un minimum de 33% soit composé de non-diplômés. Comment, en pareille situation, prétendre à l’universitarisation de notre diplôme ? Comment revendiquer un salaire à la hauteur de notre diplôme… alors que la profession infirmière sera la seule filière de l’enseignement supérieur à avoir un quota réservé pour un tiers, sans réserve, à des non-diplômés ?

Au lieu d’exploiter les compétences infirmières et de les tirer vers le haut, cet arrêté plombe la profession et l’amène au sol. Comme s’il souhaitait l’enfouir et l’ensevelir jusqu’à l’immobiliser. Définitivement.

Les pouvoirs publics nous méprisent et cet arrêté du 13 décembre 2018 met clairement en danger la reconnaissance de la profession d’infirmier. C’est pourquoi Convergence Infirmière s’oppose vigoureusement à cet inadmissible texte de loi comme au sempiternel traitement réservé aux infirmières. À se demander ce qu’elles ont fait pour mériter pareil traitement… Notre profession infirmière est en première ligne face aux personnes les plus vulnérables : les malades, les personnes âgées ou handicapées, les mourants… Nous les accompagnons tous les jours, dans leur souffrance. Leur isolement, aussi.

Cette mission ne mérite-t-elle pas plus de considération ?