On nous dit qu’il y aura ″un avant″ et ″un après″ avec cette pandémie mais finalement rien ne change.
Force est de contester, hélas, que même si cette crise est sans précédent, il n’est donné aucune possibilité aux infirmières et aux infirmiers de s’affranchir de prescription médicale.
Encore ! Encore… Et toujours !
On ne grandira donc jamais, dans cette France patriarcale et corporatiste ?
On restera toujours avec un esprit étriqué, enfermé dans ce dogme médical !
La crise n’a sûrement pas été assez importante pour que les instances comprennent que notre rôle infirmier est primordial, et qu’il ne s’arrête pas à l’exécution d’actes, que derrière des actes il y a des compétences cliniques, qu’il y a un savoir qui n’est pas médical, un savoir qui permet de maintenir en santé la population.
Pendant cette crise, les infirmières et les infirmiers étaient seuls au domicile des patients, quand les Ssiads et autres structures avec des salariés ont fait jouer leur droit de retrait, quand les médecins sont restés derrière leurs écrans pour la plupart, quand les kinés étaient confinés, ou encore quand les personnels d’aide à domicile l’étaient également, faute de formation suffisante, pour se préserver et préserver les patients, quand les infirmières et les infirmiers se sont déplacés pour maintenir nos aînés à domicile et éviter la dégradation de leur pathologie, quand les infirmières et les infirmiers ont tout mis en œuvre pour prendre en charge ces patients atteints de cette nouvelle pathologie, le Covid-19.
Les infirmières et les infirmiers ont faire preuve de courage, de bravoure, d’expertise, de dignité, malgré l’offense qui leur était faite en leur envoyant des sacs poubelles pour se prémunir de ce Covid-19.
Ma colère est grande !
Ma colère est aussi grande que le mépris affiché des tutelles pour ma corporation !
C’en est assez !
Nous avons tout mis en œuvre pour soigner, maintenir et préserver la vie de nos patients les plus fragiles dans cette crise. Je suis heureuse de constater que nous ne déplorons quasiment aucune perte chez ces patients fragiles, hormis ceux qui ont été atteints par ce virus, hélas !
Aucune perte dans nos rangs ou très peu. Sachant mettre en œuvre les gestes barrières pour se préserver, les infirmières et les infirmiers ont su préserver la population tout en se préservant !
Nous avons cette compétence !
Cette compétence acquise pendant un an, dans notre formation. Nous apprenons l’hygiène pendant notre première année d’études, lors de notre formation dont l’importance a été mise en exergue pendant cette crise, hygiène pour maintenir le corps humain en santé et hygiène environnementale également.
Florence Nightingale, notre pionnière, l’avait bien compris !
Notre rôle Propre, ce rôle que vous voulez nous arracher et auquel je tiens tant !
Ce rôle sans lequel les médicaments ne seraient rien !
Ce rôle que vous tous, les élites qui nous gouvernez, vous niez inlassablement, que vous qualifiez de ″basse besogne″ et qui, pourtant, est essentiel, voire le plus important dans l’accompagnement d’une fin de vie dans la dignité et même dans la vie de tous les jours, où ces gestes si simples du quotidien deviennent si difficiles, quand la maladie ou la vieillesse est là.
Ce rôle est notre essence, ce rôle permet à chaque infirmière de mettre en œuvre des actions pour éviter les complications des pathologies chroniques, pour éviter l’aggravation d’une plaie par l’observation et l’identification des besoins du patient. Ce rôle permet l’identification de tel ou tel problème, de tel ou tel symptôme qui peuvent paraître ″un rien″ pour le patient, et qui s’avèrent souvent le déclencheur d’un diagnostic médical !
Quand les infirmières et les infirmiers prennent en charge des patients de manière holistique où toutes les composantes de leurs compétences soignantes, de coordination , de prévention et d’éducation sont requises, compétences je vous le rappelle qui font partie de leur rôle propre, le patient bénéficie de soins par un personnel qualifié qui détectera la moindre anomalie et mettra en œuvre des actions et un suivi pour éviter des complications au niveau cutané, au niveau métabolique et au niveau clinique ou qui déclenchera une visite médicale !
Le nier, c’est nous bafouer !
Le nier, c’est nous déconsidérer !
Le nier, c’est une offense à notre profession !
Nier qu’une infirmière a un savoir qui va au-delà de l’exécution d’actes est indigne d’une tutelle !
À chaque demande d’émancipation de la profession, c’est un refus total !!
Force est de constater, encore une fois, ce mépris, ce mépris de notre ministre de la Santé qui me semblait pourtant plus ouvert et plus enclin à dépasser ce dogme médical, cette chape de plomb qui nous étouffe!
À l’Assemblée nationale, le vendredi 8 mai, plusieurs amendements permettant cette émancipation ont été rejetés par cet homme… ce médecin devenu ministre !
La vaccination antigrippale sans prescription est possible pour les infirmières mais pas les autres vaccinations. Cette possibilité nous est refusée !
Nous l’exigeons !
La prescription d’antiseptique ou de sérum physiologique pour soigner des plaies, nous est refusée.
Nous l’exigeons !
Effectuer des tests PCR sans prescription, dans une crise où nous avons prouvé l’importance de notre profession, nous est refusé.
Nous l’exigeons !
Avoir recours à un expert en structure, en se coordonnant directement pour donner ses chances à un patient atteint de plaies complexes, afin d’éviter des complications très graves.
Nous l’exigeons !
Nous exigeons notre autonomie en matière de rôle propre !
Nous ne pouvons plus tolérer que la tutelle se permette de nous ″piquer des actes″, de nous spolier en toute impunité pour les distribuer à d’autres personnels comme s’il s’agissait d’une distribution de bonbons.
Aux aides-soignants, aux pharmaciens…
Quand va cesser ce mépris ?
Quand ?
La colère infirmière est grande… avec cette crise elle est immense… nous allons nous battre, je vous le promets ! Je suis déterminée, je suis en colère, je ne supporte plus ce mépris de classe !
Dans cette crise liée au Covid-19, la France et les Français ont besoin de tous les soignants et en particulier des infirmières et des infirmiers, notamment pour détecter ce virus, pour avoir une chance d’être dépistés le plus tôt possible! Dans cette crise où les annonces gouvernementales de 700 000 tests ne seront possibles qu’avec les infirmières et les infirmiers libéraux, ceux-ci pourront constater qu’un patient présente les symptômes du coronavirus, mais tant qu’il n’auront pas de prescription médicale (parfois plusieurs jours seront nécessaires pour en détenir une), ils ne pourront guère effectuer de dépistages.
Bienvenue en absurdie !
Alors que nos consœurs et confrères du Québec sont reconnus pour leurs compétences et leurs connaissances en la matière et obtiennent de leur gouvernement qui est moins archaïque que le nôtre, la possibilité de procéder aux tests diagnostiques sans ordonnance !
Ma colère envers la classe politique ne cesse d’augmenter.
J’en appelle aux infirmières et aux infirmiers à ne pas baisser les bras !
J’en appelle aux infirmières et aux infirmiers à refuser tout ce qui n’est pas digne pour notre profession !
J’en appelle aux infirmières et aux infirmiers à exiger non pas des applaudissements, mais de la reconnaissance pour nos compétences.
J’en appelle aux infirmières et aux infirmiers à ne plus se soumettre, à oser refuser tout soin, si la prescription n’est pas correctement libellée, à oser refuser tout soin si la cotation n’est pas en rapport avec la prise en charge !
Nous exigeons nous, infirmières et infirmiers de ne plus travailler au rabais !
Nous exigeons nous , infirmières et infirmiers que nos compétences, nos connaissances et notre savoir soient reconnus dans toutes les dimensions du soin, que notre rôle propre ne soit plus prescrit puisqu’il nous appartient !
Nous réclamons plus d’autonomie !
Nous refusons cette mise sous tutelle permanente !
Je suis en colère, cette colère est terrible !