Depuis deux ans nous n’avons de cesse de le dire, la prétendue concertation autour de la réforme des retraites est de la poudre aux yeux, une mascarade communicationnelle savamment organisée. Que de réunions au Ministère, de rencontres, de déplacements ministériels, de réunions publiques présidées parfois par Emmanuel Macron lui-même. Que de courriers, de présentations, d’échanges. Tout ça pour amuser la galerie. Tout ça pour aboutir à un déni de démocratie. Aujourd’hui les masques tombent avec le 49-3.
La vérité c’est que rien n’a fondamentalement bougé depuis 2 ans sur cette réforme sauf quelques points de détails qui sont des hochets destinés à satisfaire les interlocuteurs les plus dociles. Aucune de nos inquiétudes n’a été levée. Notre caisse, la Carpimko, sera maintenue mais pour être vidée de son pouvoir et donc de sa substance. Sa disparition est programmée. Nos réserves seront bel et bien spoliées. La transition vers le nouveau régime sera financée par cet argent qui est le fruit de nos efforts. Nous n’avons aucune garantie sur la neutralisation de l’augmentation de la hausse des cotisations par la baisse de la CSG et nous sommes même persuadés du contraire. La loi prévoit que la valeur du point ne baissera pas, mais en cas de crise, le point pourra devenir une variable d’ajustement. Le mode annuel de revalorisation des points, dont le prix d’achat augmentera en suivant la courbe économique, nous imposera mathématiquement d’acquérir de moins en moins de points avec la stagnation de nos revenus. Et puis il y a l’épée de Damoclès des ordonnances. Enfin, pour couronner le tout, les simulations du Gouvernement sont fondés sur des éléments totalement irréalistes.
En plein week-end, en pleine épidémie du coronavirus, le Gouvernement assène le 49-3 pour museler le débat. Cette réforme des retraites est donc un double échec pour le Gouvernement, sur le fond comme sur la forme mais un échec qui va nous impacter tous et toutes. C’est un signe de mépris en direction de la représentation nationale et des corps intermédiaires. Nous disposons actuellement d’une caisse autonome extrêmement bien gérée, qui ne coûte rien à l’État et nous allons rejoindre un régime qui sera géré par un État qui a démontré son inaptitude à prendre en charge la question des retraites depuis des décennies. Mais nous ne résignons pas et nous continuerons à utiliser toutes les voies et tous les moyens disponibles pour nous faire entendre.
Les infirmières et les infirmiers prennent en soin un million de patients par jour et rencontrent donc plusieurs millions de personnes si l’on considère les familles et les proches. Nous appelons à une forte sensibilisation de la population sur une réforme qui mettra en danger l’ensemble de notre système de soins et touchera les plus fragiles, les plus isolés. Nous appelons également les infirmières et plus largement des soignants au devoir civique. Élections locales, élections nationales, élections professionnelles sont autant de moments cruciaux pour faire entendre notre voix. Il y a la parenthèse de la confiscation des débats avec 49-3 et puis il y a la démocratie vivante des urnes. Nous sommes résolument du côté d’une démocratie active, puissante et ouverte.