► Convergence Infirmière a interpelé l’ensemble des députés et sénateurs de notre pays en octobre 2019. Une réponse a été apportée à un sénateur par le Ministère des Solidarités et de la Santé le… 16 avril 2020 ! Ghislaine Sicre, Présidente de Convergence Infirmière, dénonce sur le fond une réponse de mépris alors que la crise sanitaire actuelle démontre plus que jamais le rôle essentiel des infirmières et des infirmiers libéraux.
Plus de 6 mois pour rédiger quelques lignes. Et quelles lignes ! Je suis écœurée dans le contexte actuel par un tel texte qui constitue une provocation absolue. Au Ministère des Solidarités et de la Santé, certains seraient bien plus utiles derrière une machine à coudre pour réaliser des masques que derrière un ordinateur.
Il nous est rappelé la suppression du concours d’aide-soignant dès septembre 2020. Les aides-soignants intervenant auprès des personnes âgées pourront bénéficier d’une formation d’une durée de trois semaines. Sans commentaires… Un plan massif est confirmé uniquement pour l’hôpital. Alors qu’une large partie de notre question était dédiée à nos craintes concernant une remise en cause de nos missions, de notre profession, pas un mot. Alors que les infirmières et les infirmiers libéraux sont totalement mobilisés, parfois au bord de l’épuisement, cette réponse est très révélatrice, Il s’agit d’une provocation et d’une humiliation.
Malgré des conditions d’exercice inacceptables, nous sommes auprès de nos patients. Nous ne disposons toujours pas du matériel de protection nécessaire. Selon les données du questionnaire que nous avons lancé auprès de l’ensemble des infirmières et infirmiers libéraux, nous sommes près de 87% à ne pas avoir suffisamment de matériel. L’ingéniosité, la coordination et l’investissement des IDELs ont permis de compenser les manquements graves de l’Etat et du Gouvernement. Pourtant, 66% des IDELs ayant répondu à notre questionnaire déplorent une dégradation de leur situation financière. 93% des infirmières et infirmiers libéraux signalent un stress supplémentaire en ce moment et 30% ont été victimes de manifestations hostiles ce qui est énorme. La situation actuelle démontre la pénibilité manifeste de notre profession. Certains professionnels sont mobilisés par des tracasseries administratives. Nous devons appliquer les réformes issues de l’avenant n°6. Parallèlement, 65% des infirmières et des infirmiers libéraux nous signalent que lors de la prise en charge de nouveaux patients, ils ne sont pas informés d’une infection éventuelle par le Covid-19. Les services de l’Etat (ARS, CPAM) sont souvent injoignables, à contre-courant ou focalisés sur le strict respect de la réglementation.
Alors même que les pouvoirs publics communiquent très régulièrement sur le virage ambulatoire, nous ne sommes pas justement considérés. La vision reste extrêmement hospitalo-centrée et aucun outil de coordination n’est mis en place. Au regard de nos compétences, de notre rôle en terme de proximité, nous pouvons apporter une réelle plus-value à notre système de santé. Nous pourrions, dans le présent et dans l’avenir jouer un rôle de coordination car nous sommes au plus près du quotidien du patient et au-delà du soin, nous sommes les mieux à même de bâtir une solide éducation à la santé, aux gestes sanitaires, à la prévention de la maladie, des complications. Un rapport publié récemment par l’OMS rappelle qu’au cours de l’Histoire, nous avons toujours été en première ligne du combat mené contre les épidémies et les pandémies avec bravoure et courage. « Le personnel infirmier constitue la cheville ouvrière de tout système de santé » selon les mots de l’OMS.
Alors que notre investissement est sans faille, que notre action est vitale encore plus aujourd’hui qu’hier, la réponse du Ministère est le recours prochain à des personnels moins diplômés. Derrière un acte, il y a des compétences. Nous dénonçons et nous dénoncerons sans cesse avec la plus grande fermeté cette dérive vers une médecine à bas coût. En cette période de crise sanitaire grave, il faut changer de logiciel. La prévention et l’éducation à la santé doivent être très fortement valorisées face au « tout-médicament » Nous assumons nos missions avec un engagement sans faille et même avec esprit de sacrifice. Demain, le Gouvernement devra être à la hauteur de cet engagement, déployer des mesures fortes en direction des infirmières et des infirmiers libéraux, mettre un terme au mépris. Vous avez mis en place l’équation suivante pour nous : plus de risques, plus de stress, plus de temps au travail pour moins de revenus et moins de considération. L’OMS a décidé que 2020 serait l’année du personnel infirmier. Nous attendons du concret afin que cet acte symbolique très significatif ait un véritable sens dans notre pays.
Courrier de Convergence Infirmière aux sénateurs – octobre 2019 :
Courrier transfert actes AS Sénateurs – Octobre-2019
Réponse à notre courrier – avril 2020
https://www.senat.fr/basile/visio.do?id=qSEQ191012926&idtable=q370127%7Cq370224%7Cq369828%7Cq367623%7Cq367948%7Cq372708%7Cq371970%7Cq368053%7Cq364963%7Cq364633&_s=14331P&rch=qa&de=19780101&au=20200416&dp=1+an&radio=deau&appr=text&aff=sep&tri=dd&off=0&afd=ppr&afd=ppl&afd=pjl&afd=cvn