Le décret n° 2020-73 du 31 janvier 2020 qui concerne les personnes exposées au coronavirus indique que “afin de limiter la propagation de l’épidémie de 2019-n-Cov les assurés qui feront l’objet d’une mesure d’isolement, d’éviction ou de maintien à domicile et se trouvent dans l’impossibilité de travailler peuvent bénéficier, au titre d’arrêt de travail, des indemnités journalières” prévues par le code de la sécurité sociale. Le décret précise que la durée maximale de versement est limitée à 20 jours sans jour de carence. Ce texte concerne les salariés du secteur privé et les fonctionnaires.
Au sein de notre caisse, la Carpimko, nous, infirmières et infirmiers, sommes soumis à une carence, non pas d’un, non pas de trois mais de 90 jours ! En contact quotidien avec de très nombreux patients porteurs de pathologies diverses, situés dans toutes les zones géographiques et dans les situations personnelles les plus variées, nous pourrions, sans le savoir, être contaminés par le coronavirus malgré toutes les procédures de protection que nous mettons en œuvre. Nous serions alors tenus à des mesures de quarantaine. Cela aurait bien sûr des conséquences financières importantes et un impact sur des familles entières dans le cadre de la carence de 90 jours. Dans ce contexte spécifique, il apparaît nécessaire que nos réserves de la Carpimko soient utilisées pour supprimer cette carence et que notre situation soit ainsi alignée sur celle des salariés privés et des fonctionnaires. Nous en appelons au bon sens et à la solidarité afin que cette mesure soit mise en œuvre par notre caisse.
Ces événements permettent de confirmer nos inquiétudes quant aux conséquences de la spoliation de nos réserves avec la mise en place de la réforme des retraites, des réserves qui vont rejoindre le tonneau des Danaïdes d’un système de retraite géré par l’État, structurellement déficitaire. Demain, nous ne pourrons plus utiliser de façon libre et autonome ces fonds, notamment pour soutenir les professionnels en difficultés. Ces réserves sont pourtant le fruit de nos efforts collectifs et les conséquences vertueuses d’une gestion saine et rigoureuse. Plus de charges, plus de contraintes, moins de reconnaissance, moins d’honoraires, telle est l’équation qui nous est imposée. Nous payerons plus de cotisations, nous ne maîtriserons plus du tout notre système de retraite, nous aurons toujours la carence à 90 jours, nos honoraires n’augmenteront pas.
Double peine, triple peine, quadruple peine. C’est insupportable !
Il est indispensable de préserver notre régime autonome qui est bien géré et qui est excédentaire, indispensable plus largement qu’une réflexion soit menée au niveau national pour mettre en place les mesures de nature à assurer l’avenir de notre profession et les conditions de son attractivité.
Il est nécessaire de rappeler encore et encore que les infirmières et les infirmiers sont les piliers du système de santé français, du centre de Paris, au fin fond des campagnes en passant par la Corse et les Outremers. Nous sommes présents 24H sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an et cette année 366. Nous prenons en soin plus d’un million de personnes par jour. Nous sommes d’ailleurs les premiers en contact avec les épidémies, formés et rodés à la mise en place de mesures de précaution drastiques en terme de sécurité sanitaire. Le Gouvernement doit donc mettre en œuvre une politique de considération et de valorisation de notre profession et plus globalement de l’ensemble des professions soignantes.