Le Ségur de la santé ou une parodie de concertation est d’ores et déjà très mal engagé

Alors que s’est ouvert ce lundi 25 mai le Ségur de la Santé, avec 300 organisations représentées dont Convergence Infirmière, nous ne pouvons que déplorer l’absence dans les groupes de travail des organisations représentatives des infirmières et des infirmiers et notamment des libéraux et nous demandons une véritable concertation gage d’une réforme réussie.

Nous étions bien évidemment présents ce lundi avec les autres organisations invitées au lancement du Ségur de la santé. Nous avons assisté à de beaux discours, à de belles intentions mais il y a les incantations et puis il y a les actes.  Force est de constater qu’au cours de cette grande messe aucun libéral n’a eu la parole. C’est significatif.

Plus significatif encore, aucune organisation d’infirmières et d’infirmiers libéraux n’a été conviée dans les groupes censés participer à la refondation de notre système de santé. Alors que les infirmières et les infirmiers libéraux ont été en première ligne dans les soins de ville durant cette crise afin d’éviter un engorgement des structures hospitalières et souvent seuls d’ailleurs, nous sommes encore une fois ignorés et donc méprisés.

En revanche, la technostructure administrative est quant à elle bien là, omniprésente, omnipotente. Les auteurs des dysfonctionnements sont plus nombreux autour de la table que ceux qui ont trouvé des solutions. Le Gouvernement semble rester accroché aux vieilles lunes, aux carcans, aux lobbys et aux mêmes orientations qui nous ont conduits aux mêmes échecs.

On ne nous donne pas la parole, on ne nous écoute pas mais on veut toujours plus nous contrôler, nous encadrer, nous enrégimenter.

Nous le refusons absolument.

Nous avons prouvé que nous savions nous organiser de manière autonome et efficace durant cette crise. Nous avons heureusement pallié les nombreux manquements de l’Etat grâce à notre professionnalisme, notre courage, notre organisation, notre ingéniosité. Nous nous sommes procurés nous-mêmes des masques, nous avons trouvé nous-mêmes du matériel. Nous avons démontré, s’il en était besoin, notre capacité à mettre en œuvre des actions de soins, de prévention, d’éducation, de coordination et d’organisation pour préserver la vie de nos patients, en particulier ceux qui sont atteints de pathologies chroniques et donc sujets à ces comorbidités particulièrement dangereuses en cas d’atteinte par le Covid-19. Sachant mettre en œuvre les gestes barrières pour se préserver, les infirmières et les infirmiers libéraux ont su préserver la population tout en se préservant. Les patients nous font confiance, nous attendons la même confiance de la part de nos gouvernants.

Les applaudissements de 20 heures et toutes les médailles du Monde ne régleront rien.

Les moments de crise peuvent et même doivent être l’occasion de réformes d’ampleur en dépassant, les appréhensions et vieilles logiques.

Cela peut aussi être le temps des rendez-vous manqués par manque de courage et d’ambition. Les infirmières et les infirmiers libéraux doivent être pleinement intégrés à la démarche du Ségur de la santé. Nous ne tolérerons pas encore une fois que l’on parle de toutes les professions sauf de la nôtre, que l’on aborde uniquement les problématiques hospitalières ou des structures privées ou pire que l’on décide pour notre profession, pour notre exercice. Il faut certes aller vite mais sans précipitation. Pourquoi faire croire que l’on va régler en 1 mois et demi 30 ans de manquements, de dysfonctionnements, de renoncements ? Prenons ensemble le temps de la construction, de l’écoute qui est celui du respect et de la réussite commune.

Nous attendons du concret de ce Ségur de la Santé. Nous prenons en charge 1 million de patients par jour tous les jours de l’année. Nous avons démontré notre engagement sans faille, notre esprit de responsabilité et notre professionnalisme dans cette crise sanitaire. Le temps est donc venu de considérer les infirmières et les infirmiers libéraux comme des acteurs de soins à part entière, de conforter notre rôle et de renforcer notre autonomie.

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