Nous sommes mobilisés mais nous devons être protégés et considérés

La Présidente de Convergence Infirmière Ghislaine SICRE vient d’interpeller à nouveau le Ministre des Solidarités et de la Santé pour dénoncer des dysfonctionnements dans la prise en charge du Covid-19 et émettre des propositions. Elle sollicite protection, considération mais aussi fin des tracasseries administratives.

Nous sommes un syndicat de terrain et je suis moi-même mobilisée en ce moment auprès de mes patients. Nous mettons à disposition de la profession de nombreux outils d’informations et protection contre le Covid-19 sur notre site Internet. Nous sommes donc mobilisés mais il est indispensable que nous soyons protégés et considérés ce qui n’est pas le cas. Notre discours de vérité ne plaît pas à certains mais un dialogue sincère et direct est aujourd’hui encore plus qu’hier le gage de notre réussite collective.

Les soignants sont toujours dépourvus du matériel adapté. Nous sommes contraints de trouver des solutions nous-mêmes. Il faut réquisitionner de toute urgence le matériel de protection disponible dans notre pays et les entreprises capables de produire ce matériel. Nous sommes également confrontés à des agressions et des vols de matériel. Il est nécessaire que l’Etat soit extrêmement vigilant au sujet de ces phénomènes qui plongent un peu plus notre profession dans l’insécurité.

Les décisions de l’exécutif en matière de confinement sont insuffisamment appliquées et sont insuffisantes. Il faut un confinement total qui pourra seul infléchir l’évolution de la courbe des malades atteints Covid-19. Il est nécessaire de tester toute la population symptomatique dans des gymnases afin d’éviter la propagation incontrôlable de la maladie. Hôtels et centres de vacances destinés aux patients atteints du Covid-19 doivent être réquisitionnés afin, là aussi, d’éviter la propagation. Il est indispensable de généraliser le dépistage par le moyen de prélèvements en drive-in.

Il est impossible pour nous de mener de front ce combat et d’appliquer un strict respect des obligations administratives. Il est indispensable de faire une pause dans l’ensemble des procédures contentieuses comme il est nécessaire de faciliter les déplacements et stationnements des professionnels. Toutes les procédures relatives aux quotas kilométriques en zone de montagne suite à la mise en œuvre de l’avenant n°6 doivent être stoppées. La plus grande souplesse doit également être appliquée en matière de BSI, de DSI, etc. Plus globalement, le renouvellement des ordonnances doit être au maximum automatisé au vu de la mobilisation des médecins qui n’ont actuellement pas le temps de gérer ce type de formalités. Si nous devions être conduits à rédiger des actes de décès, il serait anormal que nous ne puissions pas rédiger des ordonnances de renouvellement notamment. Au vu de la situation tout à fait exceptionnelle et de notre engagement sans faille, l’année 2020 doit être exclue des indus. Dans toutes les démarches, il est important que les CPAM et les ARS puissent apporter des réponses aux questions des professionnels. Or ces services sont la plupart du temps injoignables à l’heure actuelle.

S’agissant de notre rémunération, la rétribution pour la prise en charge des patients Covid-19 est largement en-deçà de qui est acceptable, d’autant plus lorsque l’on doit acheter nous-mêmes un masque à 6 € l’unité. Que nous reste-t-il ? Les déplacements à domicile sont rémunérés 2,50 € brut ce qui est tout à fait dérisoire si l’on considère frais liés au véhicule, à son entretien et à son fonctionnement. C’est d’autant plus vrai lorsque nous prenons en charge des patients Covid-19 et que nous sommes naturellement contraints de réorganiser notre tournée pour éviter la contagion. Je demande également que tous les actes que feront les infirmières pour le Covid-19 soient exonérés de charges et que la pénibilité de notre profession soit officiellement reconnue.

Le Président de la République a annoncé un plan de soutien important pour l’hôpital et ses soignants, c’est indispensable même mais ne nous ne devons pas être encore une fois les grands oubliés. Nous sommes sur le terrain 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Nous sommes d’ailleurs parfois les derniers soignants dans certains territoires. Nous ne comptons pas nos heures, nous ne comptons pas notre peine mais nous ne voudrions pas avoir à faire le décompte macabre de nos consœurs et de nos confrères terrassés par le Covid-19, nous ne voudrions pas que notre action essentielle ne soit ni considérée, ni valorisée à sa juste hauteur.

Téléchargez ci-dessous le courrier de Convergence Infirmière à Olivier Veran, Ministre des Solidarités et de la Santé

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Courrier Olivier VERAN du 31 mars 2020

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