► En autorisant les pharmaciens à pratiquer la vaccination antigrippale, le gouvernement avait pour ambition un taux de 75% de vaccinés. Un objectif très loin d’être atteint… et une politique qui met à mal toute la profession d’infirmière libérale.
Après avoir été expérimentée en Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle Aquitaine, lors de la campagne 2017-2018, la vaccination antigrippale en pharmacie a été testée dans les Hauts-de-France comme en Occitanie la saison suivante (2018-2019). Et depuis le 15 octobre dernier (et jusqu’au 31 janvier prochain), la vaccination antigrippale se voit généralisée à l’ensemble des officines de France. Le postulat du Ministère de la Santé était clair : en simplifiant le circuit vaccinal, un nombre beaucoup plus important de français devraient être vaccinés. Et ce d’autant que nos dirigeants n’ont pas lésiné sur les moyens financiers, puisque la vaccination en pharmacie a été annoncée en grandes pompes, via des campagnes publicitaires au coût – forcément – astronomique…
UNE AUGMENTATION RECORD DE… 1% !
En Occitanie, nous disposons d’un certain recul pour établir un premier bilan, puisque la vaccination en pharmacie est autorisée depuis la saison 2018-2019. L’hiver dernier, donc, alors que l’Occitanie était une région-test, le taux de vaccination contre la grippe était de 46,4%, soit une augmentation de… 1% par rapport à l’année précédente ! C’est dire combien les mesures étatiques ont été efficaces !
Mais au-delà des coûts, au-delà du gaspillage de l’argent public, plusieurs questions se posent. D’abord éthiques, car un pharmacien a tout intérêt à vacciner… puisque c’est le même qui vendra le vaccin ! Dans le même ordre d’idée, imaginez un centre de contrôle technique automobile qui soit simultanément installé en tant que garage ; sans doute nombre d’anomalies et de défauts avec obligation de contre-visite viendraient-ils fleurir votre procès verbal…
LA PUBLICITÉ SERAIT-ELLE DÉSORMAIS AUTORISÉE ?
Questions éthiques encore, puisque certaines officines font de la publicité autour de la vaccination… et certaines affichent sur leur devanture que ″le café est offert″ pour toute injection ! On peut clairement parler ici de concurrence déloyale. Et constater que les règles ne sont pas les mêmes pour tous.
Des questions morales, aussi, car cette mesure fragilise la profession d’infirmière libérale, qui se voit destituée d’une partie de ses attributions. Déshabiller Pierre pour habiller Paul : une conception de la politique qu’on a peine à comprendre… Absurde.
Des interrogations sanitaires, enfin, car les pharmaciens disposent-ils tous d’un lieu adapté à la vaccination ?
Et tout cela pour aboutir à une augmentation du taux de vaccination de 1% ! De qui se moque-t-on ? Au final, on assiste à un véritable fiasco : la couverture vaccinale n’a pas été améliorée ; les pharmaciens ont simplement… ″piqué″ les patients des médecins et des infirmières !
TOUT FAIRE POUR METTRE FIN À CES DÉRIVES !
Convergence Infirmière est fermement opposé à la vaccination faite par les pharmaciens, dont ce n’est pas le cœur de métier, et s’insurge contre ces innombrables dérives comme sur le démantèlement des compétences dévolues aux infirmières libérales. Les kinésithérapeutes ont déjà vu leurs attributions cédées aux chiropracteurs ; c’est au tour des pharmaciens et des représentants de leur profession de s’accaparer celles des IDEL !
Et visiblement, question éthique, marcher sur nos plates-bandes ne semble pas leur poser le moindre problème de conscience… Pour autant, que les choses soient claires : nous ne les laisserons pas phagocyter nos compétences !
C’est pourquoi, dans un contexte où le profession est malmenée et fragilisée par nombre de réformes présentes ou à venir (avenant n°6, réforme des retraites, transfert de 27 actes aux aides-soignantes…), Convergence Infirmière soumet un questionnaire à l’ensemble des infirmières libérales françaises. Son but : quantifier précisément l’impact de la vaccination en pharmacie sur les IDEL. Les données recueillies nous permettront d’interpeler directement la Ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. Et de plaider notre cause. Car elle est légitime.