27 actes infirmiers transférés aux aides-soignants : la dérive vers une médecine à bas coût est en marche !

Le 1er octobre dernier, le Ministère des Solidarités et de la Santé a réuni les syndicats des Aides-Soignants (AS) pour aborder la question de la réingénierie de leur diplôme… sans que les syndicats infirmiers ne soient conviés ! Ils auraient pourtant dû l’être, au vu de ce qui se trame : un véritable scandale ! Il est en effet prévu que 27 actes infirmiers passent dans les mains des aides-soignants, sans tenir compte de l’avis des syndicats infirmiers, grâce à un véritable tour de passe-passe : une manipulation orchestrée par les directeurs d’établissement à des fins purement économiques.

NIVELER PAR LE BAS : UN CALCUL À TRÈS COURT TERME

Pas besoin de nous faire un dessin : la dictature ″En Marche″ se passera de l’opposition dans ce dossier, puisque Convergence Infirmière est totalement opposé à ce transfert d’actes. Nous l’avons clairement exprimé le 10 septembre dernier, par la voix de la Présidente, Ghislaine Sicre, qui s’est même offusquée qu’une infirmière à la tête de ce groupe de travail, à la DGOS, puisse trahir toute une profession en vulgarisant l’acte infirmier à une tâche.

Il faut savoir que de nombreux rapports et études publiés, notamment celui de ″BMJ Quality & Safety″, ont prouvé qu’en abaissant la qualité, la sécurité des patients était en danger. En effet, qu’il soit médical ou paramédical, l’infirmière n’effectue ses actes que parce que son niveau d’étude le justifie et qu’elle a acquis des compétences spécifiques qui les légitiment. Comment un AS pourrait-il désormais se voir attribuer un acte médical ? Agira-t-il sur prescription médicale ?

ON RENOMME LE SUJET ET ON RÈGLE LE PROBLÈME…

Alors, pour s’affranchir de cette loi, l’État a trouvé une astuce affligeante : les dénommer ″actes de la vie quotidienne″ ! Comme si cet artifice sémantique pouvait, à lui seul, résoudre et prendre en compte tout ce qui se cache derrière les mots ! Car dans ces ″actes de la vie quotidienne″, il y a surtout des médicaments qui, quelle que soit leur forme (collyre, patch, suppositoire ou pommade), peuvent entraîner de graves problèmes chez les patients ! Comment régiront les AS qui exercent dans les SSIAD, où ils devront faire face, seuls, à ces problématiques ? Comment gérer ces problèmes de sécurité le week-end, dans ces mêmes structures, quand il n’y aura pas d’infirmière ?

Car le médicament contient un principe actif, substance d’origine chimique ou naturelle caractérisée par un mécanisme d’action curatif ou préventif précis dans l’organisme. L’administration, dernière étape du circuit du médicament, succède aux étapes de prescription et de dispensation. Celle-ci repose sur la prise de connaissance de la prescription médicale, la planification des actes d’administration des médicaments, la préparation de l’administration des médicaments, l’acte d’administration des médicaments à proprement dit, l’enregistrement de l’acte d’administration, l’information au patient et la surveillance thérapeutique. Jusqu’à présent, l’administration de médicaments relevait du rôle infirmier, conformément à la réglementation en vigueur. Mais aujourd’hui, malgré les recommandations HAS, la DGOS s’affranchit de ces règles ! Pire : elle spolie la profession infirmière d’une grande partie de ses compétences, sans avoir demandé l’avis à l’Ordre des médecins ou à l’Académie de médecine, en s’affranchissant de l’opposition des syndicats infirmiers.

EN MARCHE… ARRIÈRE !

Lucide, Convergence Infirmière constate que ″le régime Macron/Buzyn″ fonctionne de manière très autoritaire. Et donc, fatalement, à sens unique. Ce qui est plus que regrettable. Le cas de la glycémie capillaire est éloquent, puisque la Ministre des Solidarités et de la Santé a tranché en l’attribuant aux AS, malgré l’opposition syndicale des infirmiers. Familièrement, on appelle cela ″un passage en force″. Et forcément, c’est violent. In fine, le constat est déplorable et sans appel : on se fiche de la qualité et de la sécurité, il n’y a que l’intérêt qui compte… mais pas celui des patients ! Non, celui des directeurs d’établissement ! Les structures et leurs directions réaliseront de généreux profits sur le dos des patients, puisque ce seront bien des AS qu’ils embaucheront, pour des actes payés à bas coût… Nous fustigeons ces dérives de ″médecine low cost″, mise en place par l’État à des fins purement mercantiles ! Brader des actes médicaux aux infirmiers, brader des actes infirmiers aux aides-soignants, dégrader ainsi le système de santé Français restera dans les annales non pas comme une avancée majeure, mais bien comme une régression ! Un grand ″Merci″ à la République en Marche !

Des élections auront lieu très prochainement et nous invitons les 120 000 infirmières libérales à informer et faire pression sur les patients, afin de sanctionner, dans les urnes, toutes ces dérives. Nous appelons tous les patients à soutenir les infirmières dans cette démarche en interpellant les parlementaires au sujet du désastre qui se prépare ! Du côté de Convergence Infirmière, nous avons contact avec l’Ordre des médecins et l’Académie de médecine pour les alerter sur cette situation ; nous avons également adressé un courrier à la Ministre des Solidarités et de la Santé comme aux parlementaires. Depuis le temps, nous le saurions, si niveler par le bas était salutaire… Nous ne voulons pas de ce système qui, plus que nous oublier, nous nie. Les infirmières ne sont pas de simples tâcheronnes : derrière un acte, il y a des compétences. Le Gouvernement serait-il atteint de cécité ?

Menu