I. – Dépt 56

Après quelques jours de repos me voilà repartie en tournée.

Contente aujourd’hui de prendre en charge une patiente que nous soignions depuis des années et qui a dû être hospitalisée dans une clinique spécialisée en santé mentale ces 3 dernières semaines.

Cette patiente, avant d’être hospitalisée était pleine d’espoir. En effet cette patiente souffre depuis très longtemps de troubles majeurs du sommeil et de dépression qui nuisent à sa qualité de vie, qui l’empêchent de reprendre ses activités et le cours d’une vie normale.

A son retour, nous avons pris en soins cette patiente pour la gestion de son traitement.

A mon arrivée à son domicile, je prends connaissance de la nouvelle ordonnance de traitement per-os éditée par le service, et là, stupéfaction, je me suis demandée si le psychiatre n’avait pas mélangé deux prescriptions ! Il me paraissait impossible que tout ce traitement soit pour ma patiente.

1,2,3,4,5,6,7,8,10,11,12,13,14,15…non je dois rêver…je recompte… non je ne me trompe pas…15 comprimés et 9 molécules différentes, voilà ce que ma patiente est censée prendre au coucher pour apaiser ses nuits.

Faisant remarquer au pharmacien que cela faisait peut-être un peu beaucoup, celui-ci me répond qu’il se devait de délivrer le traitement prescrit !

J’ai bien sûr essayé de contacter le psychiatre. Je n’ai jamais pu obtenir un contact téléphonique avec lui. Il n’était jamais disponible. J’ai alors décidé de contacter son médecin traitant. Sa réponse m’a laissé pantoise : ” Je ne suis pas psychiatre, ce n’est pas à moi de modifier la prescription “.

Cette situation complexe, m’a laissée totalement désemparée et je me suis retrouvée bien seule !

Les infirmières ont 2 rôles, un rôle un prescrit et un rôle propre.

Dans cette situation, le rôle prescrit est cantonné à l’administration et la surveillance d’une thérapeutique.  Dans l’application, j’ai la capacité d’administrer ce traitement sans réfléchir comme les aides à la vie quotidienne qui accomplissent une tâche.

Cependant, les connaissances que j’ai acquises lors de mes études et de mon parcours professionnel, l’ analyse et le jugement clinique acquis par le rôle propre de mon métier,  m’alarment sur une polymédication exagérée, un risque iatrogénique  pour cette patiente et et m’ont poussé à prendre contact avec les médecins pour modifier cette prescription qui à mes yeux s’annonçait délétère pour la patiente.

Ce rôle primordial de prévention, d’éducation, de coordination et d’organisations des soins, n’est pas reconnu par les pouvoirs publics et n’est pas rémunéré en libéral malgré tout le temps passé pour améliorer la prise en soins de la patiente.

Menu