Propositions de l’Assurance Maladie pour 2026 : Veut-on la mort d’une profession ?

Le rapport annuel de l’Assurance Maladie sur les charges et les produits a été présenté ce mardi 24 juin. Convergence Infirmière dénonce certaines mesures comptables et régressives qui impacteront durement les infirmières et infirmiers libéraux.

La proposition du remplacement d’un départ sur deux en zone surdotée est une mesure brutale qui risque de compromettre la relève infirmière en ville. La perte de la vente du droit de présentation de patientèle entraînera en outre une perte sèche inacceptable du patrimoine professionnel qui permet aux IDEL de compenser légèrement des retraites de misère.

Il est également proposé dans ce rapport de réduire le gaspillage de médicaments. Mais prend-on les mesures nécessaires ? Non ! Convergence Infirmière dénonce chiffres à l’appui une gabegie de 1,4 milliard d’euros mais les IDEL ne sont pas associés en matière de iatrogénie et de mésusage. Nous sommes pourtant en première ligne pour prévenir les interactions et accompagner les patients dans le bon usage des médicaments.

L’Assurance Maladie déplore la trop faible couverture vaccinale mais on refuse aux infirmières et aux infirmiers libéraux la possibilité de faire de la publicité pour la vaccination comme le font les pharmaciens ou la détention d’un stock de vaccins. Il est temps que notre profession puisse être pleinement actrice de cette politique publique, au plus près de la population, notamment les personnes âgées à domicile.

Le rapport met l’accent sur l’amélioration de la prévention et des dépistages. La consultation infirmière pourrait être un formidable levier en la matière mais certains discours hors sol proposent de la tuer dans l’œuf en la cantonnant à un ou deux champs très limités alors que seule une consultation généraliste peut être pleinement efficace.

La nécessité de limiter le recours des personnes âgées aux urgences est affirmée mais les infirmières et les infirmiers libéraux ne disposent toujours pas d’une rémunération pour les actes « d’urgence » ou les soins non-programmés, ce que Convergence Infirmière réclame depuis des années.

Même si l’accompagnement et la formation sont évoqués, le rapport prévoit un renforcement des contrôles sur les professionnels de santé. Nous rappelons qu’une politique de harcèlement administratif n’a jamais amélioré la qualité des soins. Il faut accompagner, former, dialoguer et non pas sanctionner systématiquement.

En 2050, 46% des personnes âgées seront en perte d’autonomie et en 2035, 43% de la population souffrira d’une maladie chronique. Il faut donc investir massivement dans les soins à domicile. En la matière, si l’on parle uniquement de finance, le bon sens appelle à faire le choix des soins effectués par les IDEL. Selon les chiffres du rapport, le coût moyen d’un patient pris en charge dans le cadre de la dépendance est de 15,43€ par jour contre 37€ pour une place en SSIAD et 30,34€ hors transport.

Il est donc essentiel de valoriser le rôle des infirmières et des infirmiers dans le maintien à domicile face au vieillissement massif de la population. Sans les infirmières et les infirmiers libéraux, pas de virage ambulatoire possible, pas de virage domiciliaire possible.

Alors que l’ouverture des négociations conventionnelles avec la CNAM approche, Convergence Infirmière réaffirme sa détermination à se battre pour un système de santé qui prenne en compte la réalité des soignants et les besoins des patients.

>>> Rapport annuel de l’assurance maladie

Menu