Extrait de notre contribution :
NÉGOCIATIONS CONVENTIONNELLES 2025
NOS PROPOSITIONS
La présente contribution de Convergence Infirmière s’inscrit dans une volonté claire : revaloriser et structurer durablement le métier infirmier libéral sur une trajectoire de cinq ans, à la hauteur des enjeux actuels et futurs de notre système de santé.
Elle repose sur des constats partagés, étayés sur des chiffres issus des données publiques, des travaux scientifiques et des retours de terrain :
Une absence totale de revalorisation de l’AMI depuis 2009, soit 16 ans à ce jour, et 17 ans au moment d’application de l’avenant à venir, dans un contexte d’inflation et de perte de pouvoir d’achat dramatique ;
Des gaspillages massifs documentés, à l’instar des 1,5 milliard d’euros liés au mauvais usage des médicaments (cf. conciliation médicamenteuse, “Balance ton Gaspi”, etc.) ou les écarts de coût entre la prise en charge HAD/SSIAD et la prise en charge libérale ;
Une distribution de moyens significatifs vers les CPTS, sans évaluation réelle de l’efficience des actions de coordination financées, pendant que les soins infirmiers de proximité restent sous- valorisés et sous-financés ;
Des dispositifs plus coûteux – comme les SSIAD ou l’HAD – favorisés par les pouvoirs publics, parfois au détriment des IDEL, alors même que la prise en charge libérale est deux fois moins onéreuse et tout aussi qualitative ;
Une sous-utilisation du potentiel infirmier en matière de coordination, de gestion thérapeutique, de rôle propre, de prévention ou d’autonomie – alors même que les outils et les compétences sont présents sur le terrain.
Ce document constitue donc un socle d’actions concrètes, chiffrées, réalistes, issues du terrain et portées par la volonté d’un syndicat représentatif de la profession, pour construire une négociation conventionnelle ambitieuse, structurante et responsable.
À l’heure actuelle, 6 millions de Françaises et de Français n’ont pas accès à un médecin généraliste. La population de notre pays est en outre vieillissante. En 2060, une personne sur trois aura plus de 60 ans en France. Le nombre de prises en charge de maladies dégénératives et de maladies chroniques va mathématiquement augmenter de façon exponentielle. Dans ce contexte, le rôle des 130 000 infirmières et infirmiers libéraux, qui maillent sans exception tout le territoire national, va devenir graduellement plus crucial.
Pourtant, les politiques nous opposent sans cesse les IPA : rappelons qu’ils sont de 3 100 en France aujourd’hui. Ils ne doivent en aucun cas constituer le plafond de verre des IDEL, car notre métier doit pouvoir prendre son essor et son envol.
La nouvelle loi infirmière ouvre une voie décisive en reconnaissant la consultation infirmière. Celle- ci devrait constituer l’élément central des futures négociations conventionnelles, afin de permettre l’évolution indispensable de notre métier et d’assurer la prise en charge à domicile, devenue incontournable.
Les compétences des IDEL ne sont pas pleinement reconnues alors qu’en établissement ce sont systématiquement les IDE qui accueillent les patients, qui pratiquent l’analyse clinique des problématiques et des besoins du patient afin que le médecin pose un diagnostic médical et prescrive la stratégie thérapeutique. L’IDE met alors en œuvre le traitement, surveille, recherche une alliance thérapeutique et met en place des actions de prévention et d’éducation avec le patient pour l’accompagner dans sa maladie.
Il doit en être de même pour les infirmières et des infirmiers libéraux à domicile. C’est une nécessité pour assurer l’avenir de notre système de santé et une prise en charge efficiente des patients.
Les dépenses de santé sont en constante augmentation (+70 % en 10 ans), mais les actes infirmiers en ville n’ont pas bénéficié d’une revalorisation tarifaire depuis plus de 16 ans. Pourtant, les infirmières et infirmiers libéraux représentent un levier majeur d’économies pour l’Assurance Maladie.
Les infirmières et infirmiers libéraux assurent chaque jour des millions d’actes auprès des patients les plus fragiles, dans toutes les conditions, à toute heure, partout sur le territoire. Et pourtant, nous continuons d’être traités comme une variable d’ajustement budgétaire, alors même que nous démontrons, chiffres à l’appui, que notre prise en charge est de loin la plus efficiente et la plus pertinente.
Nous avons aujourd’hui la démonstration que :
la prise en charge des ulcères en HAD coûte 11 377 € par an, quand un infirmier libéral le fait pour 2 306 € ;
un patient dépendant en SSIAD coûte 34 282 € par an, quand l’IDEL le prend en charge pour 14 720 € ;
le gaspillage médicamenteux, faute d’accompagnement, représente 1,5 milliard € par an.
Nous demandons que les infirmiers libéraux ne soient plus considérés comme des supplétifs des autres dispositifs coûteux (HAD, SSIAD), mais comme des acteurs centraux, incontournables et respectés du domicile.
« Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées. » (W. Churchill)