Depuis plusieurs semaines, de nombreux signaux indiquent une nouvelle extension des missions réalisées en officine, notamment la prise en charge de soins de plaies ou des actes techniques relevant aujourd’hui du champ infirmier. Selon les publications professionnelles relayées ces derniers jours, ces actes pourraient être réalisés demain en pharmacie, y compris au sein des futures Maisons France Santé.
Pour Convergence Infirmière, il s’agit d’une nouvelle atteinte grave à l’interprofessionnalité. Coopération, oui. Substitution, non. Chaque fois qu’une profession s’arroge les actes d’une autre, on crée de la confusion, de l’insécurité pour les patients et une concurrence délétère.
Le soin n’est pas un commerce : c’est un métier fondé sur une évaluation clinique, un raisonnement professionnel et une responsabilité engagée.
La HAS rappelle clairement que le choix d’un pansement dépend d’une évaluation clinique complète. Il s’agit d’un acte infirmier ou médical, réalisé par des professionnels formés pour cela. Dès lors, une question essentielle s’impose. En officine, le pansement sera-t-il choisi pour être le plus adapté… ou le plus rentable ? Cette interrogation n’est pas polémique, elle est légitime.
Les IDEL réalisent chaque année des millions de soins au domicile, auprès de patients fragiles, dépendants, complexes. Ils assurent l’évaluation, le suivi, la prévention, l’éducation thérapeutique. Notre rôle clinique complet ne saurait être fragmenté ou transféré au gré d’intérêts économiques.
Après la publication de notre consultation des infirmières et infirmiers libéraux concernant la vaccination qui a mis en lumière un certain nombre de dérives, ces nouvelles annonces sont une provocation. Le respect des métiers et des compétences n’est pas négociable.
Face à ces évolutions inquiétantes pour la qualité des soins, la sécurité des patients et l’équilibre interprofessionnel, Convergence Infirmière va interpeller officiellement l’ensemble des députés et des sénateurs sur les dérives constatées et les risques de substitution de compétences. Nous leur demandons d’agir pour défendre la qualité et la sécurité des prises en charge et leur rappelons la nécessité absolue de reconnaître et protéger le champ infirmier.
À l’approche des échéances électorales, il est essentiel que chacun prenne ses responsabilités concernant notre profession. Nous soignons des millions de patients chaque année. Notre voix compte et nous la ferons entendre.


