« Assouplissement » du BSI : une vaste mascarade

Nous avons récemment été informés par la CNAM d’un « assouplissement des consignes relatives au BSI ». La possibilité de démarrer les soins avant de saisir le BSI est généralisée et non plus cantonnée aux soins réalisés en urgence. Le bilan devra être réalisé dans un délai maximum d’une semaine.

Certains se sont évidemment empressés de célébrer une mesure dont les infirmières et les infirmiers libéraux qui pratiquent savent qu’elle est totalement hors sol et à côté de la plaque.

Si une remplaçante débute les soins et qu’elle remplace pendant 8 jours une infirmière libérale, le BSI ne pourra pas être effectué par l’infirmière titulaire tant qu’elle n’aura pas vu le patient pour l’évaluer.

Le délai octroyé est donc trop court. Il traduit une méconnaissance totale des réalités de terrain et ne permet pas de répondre aux attentes des IDEL. Pour rappel, avant la mise en place du BSI, la DSI pouvait être effectuée dans les 10 jours suivant la prise en charge. Nous demandons que le délai de réalisation du BSI soit porté à 15 jours a minima.

Par ailleurs, conformément à ce que réclame Convergence Infirmière depuis le départ, l’outil BSI devrait être intégré aux logiciels métiers. Les infirmières et les infirmiers libéraux sont confrontés à des bugs informatiques incessants avec cet outil en ligne qui n’est pas un outil d’évaluation mais un outil strictement comptable.

Les BSI disparaissent, se ferment lorsqu’on les remplit, ne peuvent être clôturés. Alors que tout cela devrait être simplifié et automatisé, la CNAM préfère maintenir un système qui ne fonctionne pas et sur lequel les IDEL n’ont pas la main pour multiplier les indus.

Et que dire des soins journaliers que nous pouvions comptabiliser avec la DSI lors d’un passage le matin et que nous ne pouvons plus compter aujourd’hui. Nous demandons à ce que le BSI soit scindé en 2 demi-journées.

Le BSI est en outre un facteur de délaissement des patients les plus lourds, les plus éloignés, les plus isolés. Nous exigeons a minima un 4ème forfait pour les patients les plus lourds et plus largement une refonte du BSI afin de coller aux réalités de terrain.

Enfin dans les déserts médicaux, les IDEL ne peuvent plus obtenir de prescription faute de médecins. Or les patients dépendants ne disparaissent pas en même temps que les médecins. Par conséquent, le rôle propre infirmier doit devenir un rôle autonome. Nous demandons en ce sens le renouvellement des BSI sans ordonnance. C’est une mesure de bon sens pour les IDEL et pour les patients.

La mise en œuvre délétère du BSI ajoutée à la baisse du pouvoir d’achat, au matraquage des indus, à un métier de plus en plus pénible fait que les arrêts d’activité des infirmières et des infirmiers libéraux n’ont jamais été aussi élevés. A court terme ce sont les soins à domicile qui sont menacés.

La CNAM, le Gouvernement, les élus doivent entendre cette réalité et apporter des réponses crédibles et durables. Convergence Infirmière utilisera tous les moyens utiles pour que notre profession trop souvent négligée et même méprisée soit reconnue à sa juste valeur.

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