CONTRAVENTIONS, FOURRIÈRE : CONVERGENCE INFIRMIÈRE DIT ″STOP″ !

L’action se déroule le 7 avril dernier, au petit matin, entre 7h30 et 8h00, rue de Russie, à Nice. Une infirmière libérale, en mission de santé publique, se fait subtiliser ses outils de travail par… devinez ? Un agent de police ! Peu scrupuleux, le fonctionnaire n’a pas hésité à faire montre de zèle, au détriment de nombreux citoyens nécessitant des soins infirmiers !

Mais à quoi pensait donc cet agent, au moment d’ordonner l’enlèvement d’un véhicule arborant le caducée infirmier ?

Certes, il faut le reconnaître : le véhicule était stationné sur une aire de livraison, mais il était 7h30, et cette rue comptait deux autres aires, en tous points identiques. Elles étaient vides ce matin-là, peu de commerce étant livrés.

De son côté, l’infirmière qui, nous le savons tous, était en tournée depuis un bon moment, n’avait besoin que de quelques minutes pour prodiguer un soin à son patient handicapé… quelques minutes de trop, visiblement !

C’est lorsqu’elle arrive devant l’emplacement où était stationné son véhicule qu’elle ressent une angoisse qui va miner toute sa journée de professionnelle de santé. Impuissante face à cette situation ubuesque, à pieds, sans trousse de soin, elle se retrouve seule et démunie face à l’aire de livraison, désespérément vide… Plus de voiture, bien sûr, mais plus de matériel non plus !

La détresse atteint son paroxysme lorsqu’elle pense à ses patients les plus fragiles, et qu’elle comprend que si elle ne trouve pas de solution, ils seront les victimes collatérales de cet agent de police bien pointilleux.

Bien sûr, on lui rétorquera qu’elle était mal stationnée. Qu’il y a des règles à respecter dans toute forme de vie en société, et que ″le Code de la Route″ en est l’une de ses expressions.

Pour autant, on ne pourra la convaincre qu’il était impératif de lui confisquer son véhicule à 8h00 du matin. Aucune gêne intempestive, juste l’usage surréaliste d’un pouvoir ici disproportionné, eu égard aux quelques minutes de trop passées sur une aire interdite !

Déjà confrontées aux difficultés de la circulation, les infirmières subissent régulièrement la dure loi des PV… Le 7 avril, une nouvelle ère a vu le jour : celle de l’enlèvement des véhicules !

Quand laissera-t-on les infirmières faire leur travail sereinement ?

Il est grand temps que les pouvoirs publics prennent conscience du fléau que représentent ces difficultés de stationnement pour les professionnels de santé, plutôt que de feindre d’ignorer l’importance de ce problème épineux dans la prise en charge des soins de ville !

Si nous voulons que les citoyens soient de plus en plus souvent soignés à domicile, il va bien falloir mettre en œuvre différents moyens pour que les soignants viennent à eux !

Trop c’est trop ! ″Convergence Infirmière″ s’insurge contre une telle attitude, irresponsable, et totalement dédaigneuse vis-à-vis des soignants, quitte, in fine, ″à faire porter le chapeau″ aux patients.

Nous attendons les explications de la municipalité. Un rendez-vous en préfecture s’impose.

En conséquence, ″Convergence Infirmière″ interpelle le Ministre de l’Intérieur sur les difficultés grandissantes que rencontrent les infirmières libérales pour assurer leur mission de santé publique, tant les difficultés de stationnement sont multiples dans les grandes villes.

Nombreuses sont celles qui écopent de contraventions, d’un montant exorbitant de 135€… alors que leur déplacement est indemnisé à hauteur de 2,50€ brut, et leur injection à 4,50 brut !

Certaines municipalités mettent en place des cartes de stationnement à l’année ; leurs tarifs sont aussi excessifs que délirants… et ils imputent considérablement le budget des infirmiers.

Mais la palme d’or revient cette année à la ville de Nice, puisqu’on y enlève désormais le véhicule de soignants !

″Convergence Infirmière″ demande donc l’ouverture d’une concertation en la matière au Ministre de l’Intérieur. L’objectif étant de trouver une solution pérenne pour les infirmières, professionnelles de santé les plus impactées par ces différentes mesures, puisqu’elles jouent un rôle majeur dans le maintien à domicile des personnes âgées et/ou handicapées.

Elles prennent également en charge un nombre grandissant de soins post opératoires, conséquence du développement de la chirurgie ambulatoire. Ce qui nécessite bien évidemment une intervention au domicile des patients.

En verbalisant à outrance, en mettant en fourrière les véhicules de ces professionnels ou en les obligeant à acheter des cartes de stationnement extrêmement onéreuses, les municipalités dissuadent fortement les professionnels de santé de prendre en charge tous ces patients, dans les secteurs où le stationnement est difficile, voire quasiment impossible.

Pourtant, l’État permet à d’autres intervenants de stationner : agents EDF, taxis, véhicules de livraison, transports de fonds…

Réserver des places de stationnement aux soignants, avec la mise en place d’un ″macaron santé″ serait particulièrement judicieux, mais continuer à appliquer la circulaire 86-122 du 17 mars 1986, dite “circulaire Joxe” – qui autorisait une certaine tolérance en matière de stationnement – constituerait un compromis tout à fait satisfaisant.

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Lettre au Ministre de l'Intérieur 178.08 KB 1334 downloads

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