Les énarques de la Cour des Comptes viennent de produire une note thématique intitulée « Accélérer la réorganisation des soins de ville pour en garantir la qualité et maîtriser la dépense ». Évidemment, les proies faciles, les coupables idéaux que sont les infirmières et les infirmiers libéraux sont encore une fois jetés aux orties.
Des milliards assenés, des leçons de morale dispensées, des solutions comptables prodiguées : ce sont de nouvelles pelletées de terre jetées sur la tête des IDEL. Nous coûtons trop cher, les patients coûtent trop cher, la santé coûte trop cher.
La DRESS (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) évalue à 18 % les dépenses de santé à domicile contre environ 35 % pour la moyenne des pays de l’Union européenne mais rien n’y fait.
Selon les propres données de la Cour des Comptes, la France est en retrait en matière d’accompagnement à domicile, car parmi les bénéficiaires de soins de longue durée, 59 % reçoivent des soins à domicile contre 68 % pour la moyenne des pays de l’OCDE mais rien n’y fait.
Selon les propres données de la Cour des Comptes, une place en SSIAD coûte annuellement 14400€ alors qu’un BSA revient à l’année pour un patient avec majorations dimanche et déplacements à 7585€, 9471€ pour une BSB et 13303€ pour un BSC mais rien n’y fait.
Les énarques de la Cour des Comptes s’émeuvent dans différents rapports d’un « virage domiciliaire non abouti » mais demandent une réduction drastique des dépenses. Ils pointent un vieillissement de la population évoquant dans le jargon des traders du 1er arrondissement de Paris un « choc quantitatif majeur sur les besoins » mais souhaiteraient que cela se fasse avec toujours moins de moyens.
Les solutions : plus de contrôles, plus de répression, plus de SSIAD, plus d’aides-soignants, plus d’autoritarisme et moins de rémunération évidemment. Car pour la Cour des Comptes, c’est « la méthode 49.3 » qui doit être la règle. Les négociations conventionnelles doivent être un outil de régulation financière : il faut différer l’entrée en vigueur d’une convention dès le début du commencement d’un dépassement financier et les ministres doivent décider de façon autoritaire en cas de désaccord.
La Cour des Comptes parle dans sa note de renforcer la prévention et la qualité des soins mais avec quels moyens ? Des structures médico-sociales qui emploient essentiellement des aides-soignants et permettent une meilleure maîtrise des dépenses en soins d’hygiène. Voilà où nous en sommes… Que propose-t-on aux patients ? que propose-t-on aux IDEL ? Le tombeau ?
Les infirmières et les infirmiers libéraux sont en souffrance comme jamais. Les violences se banalisent, la pénibilité de notre métier grandit avec des pathologies physiques multiples, les burn-outs se généralisent, notre pouvoir d’achat s’amenuise, la charge mentale augmente, la menace des indus s’intensifie. Mais tout cela les comptables de la Cour des Comptes n’en ont que faire.
Face à cette inhumanité, Convergence Infirmière n’acceptera jamais que les infirmières et les infirmiers libéraux soient les suppliciés d’un système de santé en déliquescence en raison de mauvais choix politiques.
Face à cette inhumanité, Convergence Infirmière n’acceptera jamais que les infirmières et les infirmiers libéraux deviennent les moins que rien d’un système de santé en débâcle faute d’ambition depuis des années.
Face à cette inhumanité, Convergence Infirmière n’acceptera jamais que les patients les plus fragiles, les plus isolés soient laissés pour compte, soient sacrifiés.