Convergence Infirmière a adressé la semaine dernière ses propositions aux candidats à l’élection présidentielle mais également aux députés et aux sénateurs. Pour élaborer ces mesures, Convergence Infirmière a soumis un questionnaire à l’ensemble des infirmières et des infirmiers libéraux. Fidèle à son ADN, le syndicat propose un programme, avec 15 propositions fortes et concrètes, fondé sur les réalités du terrain et les attentes de la profession.
Les infirmières et les infirmiers libéraux disent au quotidien ne pas suffisamment être reconnus pour leurs compétences, pour leur engagement. Beaucoup sont écœurés, fatigués, lassés. La foi en leur métier s’étiole jour après jour. Beaucoup sont contraints de travailler plus pour gagner moins. En témoigne, la flambée des prix du carburant est évidemment très pénalisante pour une profession qui roule énormément mais il y a aussi l’avenant 6 et l’avenant 8 de la convention nationale infirmière que seule Convergence Infirmière a refusé de signer, parce qu’ils mettaient à mal notre exercice. L’administration assène des chiffres, des enveloppes financières qui tendraient à dire que tout va bien. La réalité est toute autre… La technostructure met les IDEL dans des cases ; la profession est (mal)traitée par des tableaux Excel, devenus la norme comptable des administrations totalement éloignées du terrain. La réalité concrète des situations individuelles et des pertes de revenus liés au BSI est pourtant là. La profession infirmière est-elle condamnée à être traitée par des algorithmes, condamnée à ne jamais être revalorisée parce qu’elle est la plus nombreuse ?
Combien de burn-outs, combien d’arrêts d’activité pour être entendus ? Tous les jours nous avons des témoignages d’infirmières et d’infirmiers libéraux qui jettent l’éponge, qui changent complètement de vie, écœurés par un système où il y a toujours plus de contrôles, de pression, d’exigences et toujours moins de reconnaissance. Dernièrement, un projet de décret sur les commissions des pénalités tend à renforcer encore le pouvoir de l’administration pour sanctionner sans concertation. Telle est la réalité qui participe à ce que beaucoup changent de voie, baissent les bras, renoncent à leur vocation. Pourtant Convergence Infirmière n’a de cesse d’alerter le Gouvernement, les parlementaires, l’administration et de faire remonter les préoccupations, les remarques qui émanent des questionnaires ou de notre pétition qui a recueilli 30 000 signatures sur les prix du carburant.
Nous arrivons au bout d’un système. Si rien n’est fait, les 60 000 places d’infirmières vacantes à l’hôpital vont se propager au domicile et au final des déserts infirmiers vont naître partout en France. Et si demain les IDEL ne sont plus présents au domicile et remplacés par des personnels moins formés, nous devrons faire face dans les foyers français aux même scandales que dans les établissements ORPEA. Il est indispensable que celles et ceux qui candidatent à l’élection présidentielle prennent conscience à la fois de la gravité et de l’urgence de la situation. Aussi, nous leur avons demandé de se positionner clairement. Nous tiendrons évidemment informés les 130 000 IDEL de ce pays des réponses qui nous seront apportées, le million et demi de patients pris en charge chaque jour mais également leurs familles et leurs aidants. Nous demandons aux femmes et aux hommes politiques de ne pas nous négliger car, bien au-delà de notre profession, nous négliger c’est négliger les plus anciens, les plus fragiles et au final remettre en cause notre pacte social.