Expérimentation ÉQUILIBRES : il ne faut pas se tromper de combat

Les représentations régionales des Hauts-de-France, d’Ile-de-France et d’Occitanie de Convergence Infirmière se désolidarisent totalement du communiqué de presse des URPS des mêmes Régions au sujet de l’expérimentation EQUILIBRES.

Le projet EQUILIBRES qui s’est fait jour en Occitanie, Ile de France, et Hauts de France vise à tester une rémunération selon un paiement horaire, voire même à la minute, pour les infirmiers dispensant des soins à domicile. Ce modèle de financement remplace le paiement à l’acte, afin de permettre aux équipes infirmières de consacrer le temps nécessaire aux patients ; de recentrer les soins infirmiers sur la personne, au-delà de la pure maîtrise technique et de la prise en charge selon ses besoins, dans son environnement. Tous les actes du rôle propre, y compris de prévention, d’éducation, d’organisation et de coordination, ainsi-que le rôle technique sont compris dans cette prise en charge. C’est une prise en charge holistique de la personne.

S’émouvoir de la présence en tant que bénévole au sein de l’association Soignons Humains qui porte l’expérimentation EQUILIBRES, d’une personne employée dans une entreprise privée dénote au mieux une méconnaissance grave de ce qu’est une association à but non lucratif loi 1901 et s’apparente au pire à de calomnie pure et simple. Il n’y a ni actionnaire, ni capital, ni rendement dans une association. De plus les personnes qui acceptent un rôle d’administrateur sont des bénévoles qui interviennent à titre personnel et privé, sans aucun lien avec leurs éventuelles fonctions de salariés. Il est louable que des personnes de compétence s’investissent au sein des associations. Cela se passe dans toutes les associations et ces associations restent libres et indépendantes. Il existe près de 100 000 associations en France actives dans le domaine social ou sanitaire, qui disposent d’un conseil d’administration en charge de leur gouvernance, dont les membres sont, pour leur majorité, salariés d’entreprises privées par ailleurs.

Chaque année, le Health Consumer Powerhouse publie un rapport concernant les systèmes de santé en Europe : le Euro Health Consumer Index (EHCI). Cette étude classe 35 pays en fonction de la qualité de leur système de soins, en prenant en compte 48 indicateurs. La Hollande et son modèle Buurtzorg sont en tête des classements depuis des années alors que la France n’est pas dans le top 10.  Ce pays a décidé que des équipes de soins de proximité composées d’infirmières devaient jouer un rôle majeur en termes de santé publique. C’est un succès. En adoptant ce modèle, la nouvelle organisation des soins aux Pays-Bas a réussi à réduire de 35% le nombre d’heures de soins, à améliorer la qualité des soins et à accroître la satisfaction au travail des professionnels et des patients ! De facto, cela a entrainé une diminution du recours à l’hospitalisation comme du recours à la médication. Tout le monde est gagnant : patients, assurance maladie et professionnels de santé ! Et l’un des principaux avantages tient au mode de rémunération : il ne s’agit pas simplement d’un tarif horaire mais d’un mode de paiement qui permet d’effectuer tous les rôles infirmiers de notre rôle propre, ce que ne permet pas la tarification à l’acte, ce que n’autorise pas plus la NGAP, puisque tous les actes que nous effectuons ne sont pas inscrits dans la nomenclature.

S’attaquer à ce type d’expérimentation c’est être à côté de la plaque, se tromper complètement de combat. Au lieu de donner des leçons aux pays dans lesquels le système de santé est optimal, en ce moment il y des sujets de mobilisation très importants : les retraites ; le transfert des 27 actes infirmiers aux aides-soignants, la création de filières captives de soins par des cliniques, etc.

Convergence Infirmière est totalement mobilisé sur ces vrais sujets, à la pointe du combat pour que les infirmières libérales puissent exercer dignement leur profession et continuer à être tous les jours au plus près des patients.

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