Afin d’exposer les raisons du malaise des infirmières libérales, mais aussi pour connaître, dans le détail, leur programme de santé en matière d’exercice libéral, “Convergence Infirmière” a sollicité un rendez-vous auprès des candidats à l’élection présidentielle. Car “la course à l’Élysée” est désormais pleinement lancée : d’abord les primaires de la Droite, suivront celles de la Gauche. Ainsi, le 15 novembre dernier, alors que la campagne bat son plein, l’équipe santé du Cabinet de François Fillon recevait “Convergence Infirmière”.
L’échange, il faut le souligner, a été extrêmement constructif. Nous avons clairement exposé nos différentes positions et réaffirmé notre rejet pur et simple de la Loi de Santé portée par Marisol Touraine. Notamment l’article 1 et tout ce qui a trait à l’étatisation de la santé ; un problème majeur pour les soignants, exclus, de fait, de toute concertation vis-à-vis des futures politiques de santé publique… puisque l’État sera le seul à décider.
Première organisation syndicale à s’être érigée contre cette Loi, nous avions, bien entendu, nombre d’arguments à faire valoir. Sans l’ombre d’un doute, nous avons été écoutés… l’avenir nous dira si nous avons été entendus. Nous n’avons pas manqué d’exprimer nos craintes relatives au virage ambulatoire orchestré par les tutelles, via les GHT. Un bouleversement qui fait peser une lourde menace sur les acteurs de santé libéraux, et tout particulièrement sur les infirmières. Nous avons également évoqué la problématique des HAD, très couteuse et qui, aux forceps, tente de prendre notre place, sur le terrain. Il semble, d’ailleurs, que cette thématique ait été partagée, notamment au regard du coût pour la société, mais aussi vis-à-vis de la concurrence déloyale exercée envers les professionnels libéraux.
“Convergence Infirmière” a également précisé les raisons de son refus du maintien de l’article 51 qui, sur le terrain, n’est utilisé que par certains médecins, mais qui, surtout, se retourne contre nous, puisqu’il est question de nous remplacer par des “petites mains” ! Balayant tous les points, nous avons réaffirmé notre opposition au projet de parcellisation de notre diplôme, au profit d’une “santé low cost“ (projet d’ordonnances, directives Européennes). Enfin, nous avons fait connaître notre point de vue sur l’Ordre Infirmier et avons, pour ce faire, évoqué les idées fortes que nous portons, depuis des années, sur les modifications à apporter à cette instance.
Bien avisés, les conseillers de François Fillon nous ont interrogés sur la NGAP, obsolète. Un constat que nous ne pouvons que partager. Pour y remédier, nous avons sollicité la remise à plat de la nomenclature. Une question sur les tarifs infirmiers nous a permis de rebondir et de faire comprendre la valeur financière ridicule attribuée à certains de nos actes ; nous en avons également profité pour parler de la problématique des indemnités kilométriques, et notamment de cette étrange manie qui consiste à traiter différemment les déplacements des infirmières de ceux des autres professionnels de santé.
Enfin, nous avons été forces de proposition pour ce qui concerne les nouveaux modes de prise en charge libérale coordonnée, que nous prônons. Notamment par le biais d’une évaluation des besoins de la personne, via le “bilan de soins infirmiers”. Un nouveau modèle de fonctionnement que nous dévoilerons dans les mois prochains…
L’entretien s’est conclu par une sensibilisation sur le thème des conditions de travail de l’ensemble des infirmières libérales et par les pressions scandaleuses exercées par les CPAM, pilotées par la CNAMTS. Des méthodes indignes, destinées à récupérer des indus rarement justifiés, des doubles ou triples peines infligées aux infirmières, dégradant plus encore les relations partenariales et conduisant inévitablement vers un ras-le-bol généralisé, bientôt synonyme de révolte. Si la France va mal, il faut également bien prendre conscience que la Santé se dégrade et que les professionnels de santé sont à bout ! Les infirmières se suicident et il est urgent que les responsables politiques prennent la mesure de la gravité de la situation. Il fût une époque, pas si lointaine, où Monsieur Fillon nous expliquait “récupérer et hériter d’une France en faillite”. Aujourd’hui, c’est la Santé qui souffre, et les infirmières qui meurent.
Résolument engagée depuis que la Loi de Santé fait la part belle aux humiliations et à un manque flagrant de considération à l’égard des soignants, notre mobilisation se poursuit. Nous l’avons ouvertement fait savoir. Les infirmières représentent 1% de la population, les infirmières libérales sont encore “le premier hôpital de France“, et nous pèserons sur le choix du prochain Président. Notre message est passé, nos échanges étaient très cordiaux. Gageons que le candidat Fillon est bien conscient de notre détermination. Nous n’avons d’ailleurs pas de doute à ce sujet.