Quelle ne fut pas notre consternation et notre effarement à la lecture d’une interview du Président de la FNI réalisée par Adrien Renaud dans le dernier numéro d’ActuSoins. Cet alignement de contre-vérités dans ce qui relève plus du publi-reportage que du journalisme n’est ni plus ni moins qu’une version française de la vérité alternative inventée par Donald Trump. Les bras de tous ceux qui ont vécu les mobilisations des années 2000 et qui ont la moindre culture syndicale en sont tombés.
Le début des années 2000 voit l’émergence de Convergence Infirmière qui se mobilise contre la signature par la FNI du plan de soins infirmiers (PSI). 20 000 infirmières et infirmiers libéraux sur 58 000 sont dans la rue et font reculer la Ministre de la Santé. Grâce à cette mobilisation historique, Convergence Infirmière obtient une revalorisation de 15 % des honoraires des IDEL, les quotas ne permettant pas de facturer plus de 18 000 actes par an sont supprimés et une démarche de soins infirmiers (DSI) en remplacement du PSI (plan de soins infirmiers qui excluait tous les états dépendants stabilisés de la prise en charge infirmière) est mise en place. A notre connaissance, le Président de la FNI n’était pas membre de Convergence Infirmière à cette époque… Il était en effet déjà en poste et à bonne école aux côtés de la présidente FNI Marie-Jeanne Ourth-Bresle qui avait une bien piètre estime pour les infirmières libérales à la lecture de cet article édifiant : https://www.lesechos.fr/2000/11/marie-jeanne-ourth-bresle-il-faut-supprimer-les-rentes-de-situation-755686
L’expert en mobilisation auto-proclamé est celui-là même qui explique doctement qu’il ne faut pas de mobilisation, que ça ne sert à rien, qu’il faut se taire, que la profession doit se coucher pour avancer à plat ventre, que tout se joue en coulisses. On voit les très piteux résultats de ces combinaziones d’arrière-boutique : 25 centimes pour l’IFD. Un exploit ! A-t-on vu une seule fois dans notre histoire des avancées sociales et professionnelles notables sans mouvement d’ampleur, sans action, sans rapport de forces ?
On a l’audace de nous parler dans cette interview de dialogue permanent avec la CNAM alors que cette instance ne répond plus à rien ni à personne. On a l’outrecuidance de nous parler de petits pas alors que notre profession fait des bons en arrière ces dernières années : indus, pénibilité, violences, chute du pouvoir d’achat, explosion des charges. Dormez tranquille braves IDEL, la FNI s’occupe de tout.
Les propos récents du responsable de la FNI de l’Hérault et administrateur fédéral traduisent de façon décomplexée et éhontée cette invitation à la servilité et au mutisme : « On a obtenu une revalorisation des indemnités de déplacement, on a un système favorable, on n’est pas Cosette » Il oublie de mentionner qu’il peut, lui, compter sur ses confortables émoluments de président de l’URPS Infirmiers Occitanie !
Nous ne sommes plus au temps où les infirmières devaient se soumettre et se taire, accepter sans coup férir les balivernes et les vexations. La mobilisation de notre profession qui grandit en témoigne. Vous êtes de plus en plus nombreux à rejoindre Convergence Infirmière dans l’Hexagone et les Outremers, à vous investir dans des mouvements divers qui veulent faire entendre la voix du terrain. Cette mobilisation se traduira lors de nos prochaines élections professionnelles et permettra d’agir concrètement pour la profession sur la base des attentes des IDEL. Convergence Infirmière continuera inlassablement de porter la parole du terrain et sera au rendez-vous de tous les combats pour la profession.