Le Gouvernement vient d’autoriser les pharmaciens et les sages-femmes à prescrire et à administrer des vaccins dans le cadre de la lutte contre la Covid. Convergence Infirmière fait part de sa totale indignation face aux deux poids deux mesures et au manque de considération vis-à-vis des infirmières et des infirmiers libéraux totalement engagés depuis un an dans la prise en charge de la crise sanitaire. Le syndicat demande à ce que les IDEL soient au cœur de la politique de vaccination contre la Covid.
Nous alertons depuis longtemps le Gouvernement et l’ensemble des pouvoirs publics sur la lassitude des infirmières et des infirmiers libéraux liée à un manque criant de considération, un manque criant de reconnaissance de notre travail à sa juste hauteur. Nous l’avons rappelé à l’occasion du Ségur de la Santé qui n’a été qu’un vaste rideau de fumée. Depuis un an, nous sommes sursollicités pour les missions les plus à risque, nous sommes en contact avec de fortes charges virales, nous devons prendre le temps, nous équiper comme il se doit : prise en soin des patients Covid, visites domiciliaires chez les Covid+, etc. Personne ne se bouscule pour effectuer ces tâches, à certains moments nous étions même bien seuls au domicile suite au retrait de nombreux intervenants.
Avec les dernières décisions du Gouvernement, la démotivation et l’écœurement sont à leur comble dans notre profession. Alors même que les pouvoirs publics sont incapables de nous donner les moyens de vacciner dans les centres de vaccination existants, désormais les sages-femmes et les pharmaciens pourront prescrire et vacciner. Quant à nous, infirmières et infirmiers libéraux, on ne peut vacciner que sur prescription médicale et si un médecin peut intervenir à tout moment pour les vaccins avec ARN messager. On se moque de nous ! C’en est assez de ce manque de confiance, de ce mépris. Il faut rappeler que le cœur de notre profession, son histoire, ses fondements, c’est la vaccination. Les IDEL font des injections intramusculaires tous les jours et pendant ce temps des vendeurs de médicament sont propulsés infirmiers et médecins du jour au lendemain. Pourquoi peuvent-ils eux vacciner sans médecin alors qu’ils ne sont pas du tout formés pour faire face à des effets secondaires et bien d’autres situations ? Les IDEL sont quant à eux préparés à faire face à tous les aléas.
Nous sommes près de 130 000 à pouvoir vacciner sur tout le territoire, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an. Dans bien des secteurs où personne ne veut aller nous sommes les seuls soignants qui interviennent, pour des tâches que personne d’autre ne veut faire, à commencer par les pharmaciens. Nous demandons que la nécessité de prescription médicale soit levée, tout comme la présence impérative d’un médecin pour vacciner. Nous demandons à ce que des doses vaccinales soient strictement dédiées aux IDEL et que nous puissions vacciner librement tous les patients qui ne présentent pas de contre-indications particulières. Que faut-il faire pour être entendus ? Cesser la prise en charge de tous les patients Covid, cesser les tests, cesser les visites domiciliaires ? Beaucoup d’entre nous y sont prêts tant la colère est forte et la démotivation profonde.