Réforme des retraites : la mobilisation continue avec le collectif “SOS Retraites”

Convergence Infirmière soutient la manifestation du 5 décembre. Pour autant, nous n’appelons pas à manifester ; c’est aux IDEL, en fonction des convictions qui sont les leurs, de participer, ou non, à ce grand mouvement national. La mobilisation continue, donc, et doit même s’amplifier.

Nous demandons encore, à ce jour, des précisions essentielles. Nous ne savons strictement rien sur la future gouvernance du régime universel, rien sur la valeur du point qui pourrait varier en fonction des finances du pays, rien sur sa pérennité dans le temps. Quid des modalités précises de compensation par la CSG de l’augmentation des cotisations ? Qu’adviendra-t-il des réserves de nos caisses de retraite et de notre capacité à en disposer librement ? Le financement de l’ASV (Avantage Social Vieillesse) par la CNAM sera-t-il toujours à la même hauteur? Les 90 jours de carence nous seront-ils toujours appliqués, en cas de maladie, ou notre régime sera-t-il aligné sur celui des salariés, comme pour les cotisations ? Même si des pistes sont avancées, par cette poussée des mouvements annoncés, elles ne sont guère suffisantes et on ne peut donc pas s’en contenter.

Pour analyser de la manière la plus juste les données, il conviendrait que chacun adopte les mêmes principes de calcul, les mêmes hypothèses économiques et des données valides. Certains chiffres avancés par le Gouvernement sont en effet des contre-vérités : on nous parle du taux de cotisation retraite actuel qui serait de 17% et non pas de 14%. C’est faux. Le Gouvernement mélange tout volontairement en ajoutant des carottes aux navets… Il additionne un forfait à un certain taux, pour nous expliquer que l’augmentation prévue serait moindre.

Les inquiétudes sont légitimes. La compensation du doublement de nos cotisations par une baisse de la CSG, qui n’interviendra que sur la part concernant les cotisations obligatoires, c’est de l’enfumage pur et dur. Rappelons que la CSG est passée de 1,1% en 1991 à 9,2% en 2019, que son assiette est régulièrement élargie. Elle a d’abord financé la branche famille, puis le fonds solidarité vieillesse, la branche maladie, l’autonomie, et depuis 2018, l’assurance chômage, et maintenant les retraites. Au final, c’est le contribuable qui va payer cette compensation, donc nous tous : Françaises et Français. Et il est quasiment certain, vu la situation financière de notre pays, qu’il faudra encore activer le levier de la CSG pour combler des déficits. On va donc nous reprendre d’une main ce qu’on a fait semblant de nous donner d’une autre.

Voilà plus d’un an que nous sommes reçus par le Gouvernement, plus d’un an que nous faisons des propositions concrètes. Il a été décidé de recommencer à zéro. Dont acte. Nous réaffirmons nos positions en les étoffant.

La pénibilité doit être enfin reconnue pour la profession d’infirmière libérale. Nous travaillons le jour, la nuit, les week-ends et les jours fériés dans des conditions difficiles, avec des risques récurrents. Nous avons récemment soumis un questionnaire à l’ensemble de la profession. Les résultats sont édifiants : les violences physiques, psychologiques, sexuelles et le harcèlement sous toutes ses formes sont extrêmement fréquents. Certains doivent pouvoir partir avant l’âge légal, sans décote, ceux qui ne peuvent plus travailler ou qui veulent se reconvertir doivent être mieux accompagnés. Quoi qu’il en soit, nous devons pouvoir prendre la retraite à 62 ans sans aucune décote. Il convient de maintenir une gouvernance de nos droits. Les policiers devraient conserver leur régime spécial, pourquoi ne pourrions-nous pas conserver nos caisses autonomes ? Les réserves de notre caisse de retraite doivent être strictement réservées à notre régime actuel. Notre régime de retraite est un régime autonome qui n’a jamais couté le moindre euro à l’Etat !

Si la décision de doublement des cotisations retraite était maintenue, il serait indispensable d’augmenter les honoraires des infirmières. Une indexation des valeurs des lettres clefs sur le coût de la vie devrait être introduite dans la convention et adossée à la réforme des retraites. Une revalorisation compensatoire de 14% de la valeur des points acquis avant la mise en œuvre de la réforme peut être appliquée au regard du service d’utilité publique exercé par la profession et du régime appliqué à certaines autres professions. Les artistes auteurs, par exemple, affiliés en base au régime général, ne sont redevables que de la part salariale en l’absence d’employeur au titre de leurs activités. Nous réclamons la même disposition pour plus d’équité. Plus globalement, nous réclamons un niveau de retraite digne pour tous et un taux de rendement garanti. Les taux de rendement actuels des libéraux sont très supérieurs aux taux avancés par le Gouvernement.

Nos propositions ont pour vocation de bâtir une réforme équitable. Car il ne serait pas équitable de financer des régimes plus généreux sans contrepartie, tout comme il ne serait pas équitable de doubler les cotisations retraite sans contrepartie. Il ne serait pas non plus équitable et juste de mettre en péril toute une profession qui accomplit au quotidien un travail acharné pour participer à la bonne marche de notre système de santé dans un souci de maîtrise de la dépense publique, au service de la qualité des soins, au service du virage ambulatoire et ce du centre de Paris au fin fond de la ruralité. Le doublement des cotisations qui doit nous être appliqué doit équivaloir à un doublement du montant perçu par le cotisant. Les contributions de la CNAM à notre retraite doivent être maintenues.

Cette réforme c’est le coup de grâce puisqu’on nous promet à la fois, dans des contours encore très flous, une augmentation du taux de cotisation et une augmentation du temps de cotisation , dans un contexte de volonté gouvernementale de transférer 27 actes infirmiers aux aides-soignants, à la baisse de nos revenus au travers du gel depuis 10 ans de la plupart de nos tarifs, il s’agira encore de perte de revenus pour les infirmières et les infirmiers.

Nous poursuivons donc la mobilisation et nous irons jusqu’au bout pour que prévale une réforme équilibrée, juste et durablement efficace. Nous vous donnons rendez-vous le 3 février prochain pour une grève des soins et un mouvement qui se poursuivra jusqu’à ce que le Gouvernement entende raison.

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