LES INFIRMIÈRES EN PRATIQUE AVANCÉE : TOUTE UNE PROFESSION DÉTERMINÉE À ÉVOLUER

► Convergence Infirmière milite pour la mise en œuvre de nouveaux rôles infirmiers

Hasard du calendrier, c’est ce jeudi 8 mars, journée internationale dédiée aux droits des femmes, que se tient, au Ministère de la Santé, une réunion relative à la mise en œuvre d’une formation en Master réservée aux infirmières. Ladite formation pourrait ainsi valider un tout nouveau métier : ″l’infirmière en pratique avancée″. Très en retard sur le sujet, en comparaison avec d’autres grands pays occidentaux (Grande-Bretagne, États-Unis ou encore Canada), la France en est encore à ses premiers balbutiements. Convergence Infirmière souhaite donc voir ce dossier se développer dans les meilleures conditions possibles. Et rapidement. Revue de détails.

SAVOIR-FAIRE, COMPÉTENCES & PRISES DE DÉCISION COMPLEXES

En préambule, rappelons-nous de la définition établie par le Conseil international de l’infirmière vis-à-vis de la pratique avancée, à savoir : ″ Une infirmière praticienne / en pratique infirmière avancée est une infirmière diplômée d’État ou certifiée qui a acquis les connaissances théoriques, le savoir-faire nécessaire aux prises de décisions complexes, de même que les compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de son métier, pratique avancée dont les caractéristiques sont déterminées par le contexte dans lequel l’infirmière sera autorisée à exercer. Un master est recommandé comme diplôme d’entrée″ (CII, 2008).

Ainsi, le développement de nouveaux rôles infirmiers, plus avancés, doit fortement contribuer à améliorer l’accès aux soins. Le contexte n’y est pas étranger, puisque d’une part, l’offre en médecins est en diminution, tandis que de l’autre, ils n’assurent désormais plus la permanence des soins.

L’accès aux soins est un sujet majeur du gouvernement Macron. Le Premier Ministre en a fait l’une de ses priorités, afin que chaque citoyen puisse équitablement accéder aux soins sur l’ensemble du territoire. Une priorité qui s’explique par le fait qu’aujourd’hui, 8% de nos concitoyens ont un faible accès aux soins.

DONNER AU MÉTIER D’INFIRMIÈRE UNE NOUVELLE DIMENSION

Bien entendu, Convergence Infirmière salue l’ouverture de ce chantier. Nous avons donc souhaité apporter notre contribution au dossier, au regard des textes transmis par le Ministère de la Santé. Nous souhaitons également alerter Madame Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé, afin qu’elle ne se cantonne pas aux seules sirènes chantantes des organisations médicales. On le sait depuis l’Odyssée d’Homère : les sirènes sont bien souvent de simples chimères…

Pour nous, l’objectif est clair : donner une nouvelle dimension à notre métier… comme d’autres pays ont su le faire avant nous. En conséquence, Convergence Infirmière invite le gouvernement à tirer tous les enseignements utiles auprès de ces pays précurseurs, notamment pour ce qui concernent les avantages et les bénéfices qu’en ont tirés les patients, mais aussi les différents obstacles rencontrés durant la mise sur pied de ces nouveaux métiers.

REPENSER ET ÉLARGIR LE DOMAINE D’INTERVENTION

Convergence Infirmière souhaite cependant que le texte actuel évolue et que plusieurs modifications y soient apportées :

  • remplacer le mot ″entretien″ par celui de ″consultation″, à l’instar des autres pays concernés. L’entretien peut déjà être effectué par une IDE (dans son métier socle) ;
  • ne pas restreindre le domaine d’intervention à quelques pathologies chroniques stabilisées, ni aux seules personnes âgées, mais l’étendre à l’obésité, aux urgences et aux cancers (problèmes majeurs de santé publique) ;
  • ne pas se cantonner à des rôles déjà inscrits dans le métier socle.

L’infirmière exerçant en pratique avancée est habilitée à :

  • analyser des situations cliniques complexes, en exerçant un haut raisonnement clinique avec recueil de données et anamnèse de la situation clinique ;
  • émettre un avis d’expert infirmier, en émettant un jugement clinique ou en réalisant un diagnostic de situation ;
  • donner des conseils d’expert infirmier dans différents domaines tels que la prévention et l’éducation thérapeutique ;
  • utiliser des thérapies non médicamenteuses, notamment dans le traitement de la douleur et de l’anxiété (hypnose par exemple).

L’infirmière en pratique avancée contribue à la production de connaissances en réalisant des travaux de recherche.

  • elle utilise des données probantes pour améliorer la qualité des soins infirmiers ;
  • elle assure des missions transversales, telles que la participation active à la lutte contre les infections (liées aux soins ou aux accidents d’expositions au sang), la participation aux comités d’éthique hospitaliers et des réseaux de soins, la gestion de la violence dans les différents lieux d’exercice ;
  • elle participe à la politique de santé publique régionale et/ou de l’établissement et/ou de l’équipe de soins primaires ;
  • elle est tutrice de droit pour les étudiants en soins infirmiers comme pour les infirmiers novices et elle assure la formation des aidants naturels.

L’infirmière en pratique avancée dispose d’un champ de prescription élargi, notamment en première intention, des soins infirmiers aux dispositifs médicaux, en passant par la biologie et les examens.

L’infirmière en pratique avancée adresse un patient à un spécialiste, si besoin, comme dans les autres pays concernés.

En conclusion, Convergence Infirmière demande au Ministère de la Santé de s’appuyer sur les pays pour lesquels les évaluations (source OCDE 2008) ont démontré que les infirmières pouvaient fournir des soins d’aussi haute qualité que les médecins généralistes. Et cela dans des domaines aussi diversifiés que la prévention, le suivi quotidien des patients chroniques ou la prise de contact avec les patients souffrant de maladies bénignes.

Les évaluations disponibles de ces pratiques démontrent que le recours aux infirmières en pratique avancée peut améliorer l’accès aux soins et fortement réduire les délais d’attente.

Le lobbying médical, aussi puissant soit-il, ne doit pas être un frein au développement de ces nouveaux métiers.

Heureuse coïncidence : le 8 mars est une date qui résonne dans nos esprits, puisque consacrée ″journée internationale des droits des femmes″. Alors, Madame la Ministre, sachant que notre profession est l’une des plus féminisée qui soit, comment peut-on concevoir qu’elle soit l’une des plus discriminées… bien souvent sous le joug de ″l’homme médecin″ !

Là aussi, il est impératif que les mentalités évoluent. Cela va dans le sens de l’Histoire ; ce sont aussi les valeurs prônées par la France.

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