Depuis 11 ans, vous êtes à la tête de Convergence Infirmière. Qu’est-ce qui vous anime encore aujourd’hui ?
Depuis le 12 mai 2014, je mène cet engagement avec la même force, la même détermination. Ce qui m’anime plus que jamais, c’est la conviction profonde que notre profession mérite une représentation sincère, combative, alignée avec les réalités du terrain. Un engagement syndical, ce n’est pas une fonction que l’on occupe. C’est une cause que l’on porte. Une cause qui demande des convictions, des valeurs, de la cohérence et surtout du courage. Il faut être aligné avec ce qu’on défend, même quand la pression est forte, même quand l’opposition est abjecte, injuste et qu’elle tente de s’arranger avec la vérité.
Que signifie pour vous “être alignée avec ses valeurs” ?
Cela veut dire ne jamais trahir la confiance de la profession. Cela veut dire ne pas se compromettre. Je le dis clairement : Convergence Infirmière n’est pas le syndicat du système. Nous ne sommes pas là pour accompagner des réformes écrites sans nous ou contre nous, pour valider des reculs sociaux ou pour faire illusion devant la profession tout en acceptant l’inacceptable dans les coulisses. Il y a des syndicats qui disent blanc devant et noir derrière. Nous, nous restons droits. Nous disons ce que nous faisons et nous faisons ce que nous disons.
C’est un engagement parfois difficile ?
Oui. Défendre une ligne libre, indépendante, c’est se heurter à des résistances puissantes. C’est refuser les petits arrangements d’arrière-cour. Et croyez-moi, cela dérange. Mais Convergence Infirmière n’est pas un syndicat d’arrière-cour. Nous voulons de la transparence. Et je m’y engage personnellement. Quand nous ne sommes pas d’accord, nous le disons. Quand des textes vont à l’encontre de notre profession, nous ne les signons pas. Même si ça nous coûte, même si cela nous isole parfois dans les instances. Nous ne faisons pas carrière : nous faisons front.
Quelle est votre conception du syndicalisme ?
Le vrai syndicalisme, ce n’est pas d’arrondir les angles. C’est d’avoir le courage de défendre. C’est être la voix de celles et ceux qui n’ont pas les moyens de se faire entendre. C’est structurer la colère légitime de la profession et lui donner un poids politique. C’est refuser que l’on sacrifie la qualité des soins, la sécurité des patients ou la dignité de notre exercice au nom de logiques purement comptables. Être syndicaliste, ce n’est pas faire plaisir à l’Administration. C’est porter une vision, un cap, une vigilance de chaque instant.
Et ce combat, vous comptez le poursuivre ?
Oui, tant que la profession aura besoin d’une voix libre et combative à ses côtés. Tant que des actes resteront gelés depuis 2009, tant que les infirmiers libéraux seront relégués au second plan dans les politiques de santé, tant que les décisions continueront à être prises sans nous… Alors oui, je resterai debout. Parce que quand on sait pourquoi on se lève chaque matin, on tient debout. Quoi qu’il en coûte.