Les premières conséquences d’un avenant 6 mal ficelé : entre amateurisme et crédulité

► Depuis le mois de décembre, certaines dispositions de l’avenant n°6 sont d’ores et déjà en vigueur ; d’autres seront effectives à partir du 1er janvier, en particulier les forfaits BSI. Les aberrations et les dysfonctionnements sont nombreux et les inquiétudes vont grandissantes. Convergence Infirmière, seul syndicat représentatif qui n’a pas signé l’avenant, dénonce un amateurisme coupable et une crédulité des syndicats qui ont signé ce texte… sans jamais en mesurer les conséquences.

ÉVIDEMMENT, TOUT ÉTAIT COURU D’AVANCE…

Dès le départ, Convergence Infirmière avait bien saisi quelles seraient les répercussions de cet avenant et de sa mise en place pour la profession. Nous l’avions même écrit*. Et ce qui devait arriver arrive : les caisses maîtrisant les algorithmes de A à Z, tordant les modèles informatiques, dénaturant l’esprit d’origine du BSI encore et toujours dans le sens des économies, vont porter un nouveau coup dur aux infirmières libérales ! Le BSI était initialement un outil d’évaluation des besoins du patient dans toutes les dimensions du rôle propre, avec abolition de la notion de temps et comptabilisation de la notion de charge en soins. Tout cela a été sacrifié il y a belle lurette sur l’autel de l’argent ! Enfin, des économies… Aujourd’hui, les choses empirent, puisqu’une calculette de l’Assurance Maladie qualifie ″d’intermédiaires″ certaines prises en charge qui, indiscutablement, sont ″lourdes″.

L’ALARME SONNE : LES PERDREAUX SE RÉVEILLENT !

Face à cette situation et à la pression de leurs adhérents, les deux syndicats signataires font mine de se réveiller et de découvrir l’eau tiède… En signant un avenant qui ne nous permettait pas de maîtriser les outils de calcul et qui flouait l’esprit d’origine du BSI, tout cela était pourtant bien prévisible ! En réalité, le conducteur ne peut ni appuyer sur les pédales, ni tenir le volant. Nous voilà lancés à pleine vitesse, à un petit mètre du mur, et nous ne pouvons que klaxonner ! La FNI et le SNIIL klaxonnent, donc, puisque c’est la seule commande qu’ils peuvent actionner ! La belle affaire… Quel amateurisme ! Quelle naïveté ! Il y a pourtant une explication à cela, une seule : leurs représentants nationaux sont totalement déconnectés. Ils ne sont plus du tout ou plus assez sur le terrain pour parvenir à privilégier le bon sens et défendre au mieux les intérêts de notre profession. Nous avons été les seuls à tirer la sonnette d’alarme, et cela pendant des mois. L’ONSIL, non représentatif, qui n’a donc pas participé aux négociations a déclaré qu’il ″aurait probablement signé le texte″, selon sa représentante, et se félicitait des ″belles avancées″ lors de la signature de l’avenant n°6. Bref, SNIIL, FNI, ONSIL : même combat ! Désespérant.

PARTAGE D’HONORAIRES : LA BOMBE À RETARDEMENT EST ENCLENCHÉE

Aujourd’hui, personne ne peut dire de façon extrêmement concrète comment va s’organiser la rétrocession d’honoraires dans le cadre de la mise en place du BSI. En effet, une loi contredit un règlement qui interdisait le partage. Des contrats parfois journaliers et validés par l’Ordre Infirmier devront être signés. Nous nous interrogeons : nos instances sont-elles en capacité de faire face et de mettre en place cette loi ? Nous sommes tous les jours interpellés par des infirmières et des infirmiers inquiets de ce surcroit de ″paperasse″, angoissés par tant d’incertitudes, de conflits et de contentieux potentiels, et contrariés par tout ce temps perdu… qui ne pourra pas être consacré au patient ! En conséquence, Convergence Infirmière va très rapidement faire parvenir un courrier à Nicolas Revel, directeur général de la Cnam, pour l’interpeler directement sur ces sujets épineux.

DES IRRESPONSABLES AUX RESPONSABILITÉS

Toute l’équipe de Convergence Infirmière tient à remercier celles et ceux qui nous rejoignent, tous les jours, car ils ont bien compris que grâce à notre ancrage quotidien dans les réalités du terrain, nous étions les plus à même de défendre de façon concrète, réaliste et crédible, notre profession. Sur l’avenant n°6, les événements nous donnent raison et sur les retraites, notre position est sans aucune ambiguïté. En l’état, cette réforme est totalement inacceptable. Si par malheur, elle venait à être adoptée, les syndicats qui tiennent la main du Gouvernement auront des comptes à rendre à notre profession. Car c’est l’avenir de dizaines de milliers d’individus qui se voit directement impacté par leurs décisions irresponsables. Un comble, lorsque l’on se trouve aux… ″responsabilités″.

* Voir notre communiqué de presse du 3 avril dernier : ″Les raisons pour lesquelles Convergence Infirmière n’a pas signé l’avenant n°6″
https://convergenceinfirmiere.com/les-raisons-pour-lesquelles-convergence-infirmiere-na-pas-signe-lavenant-n6/

 

> Convergence Infirmière interpelle Nicolas Revel, directeur général de la Cnam (27.12.2019) <
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