Lutte contre la fraude : amalgame, dénigrement et mépris pour les professionnels de santé

Après l’émission d’Elise Lucet il y a quelques mois, les communications de la CNAM, le rapport de la Cour des Comptes, le Ministre des Comptes publics vient de mettre un point d’orgue à cette séquence de communication bien huilée avec un plan de lutte contre la fraude sociale. Selon la célèbre règle médiatique des 3L (on lèche, on lâche, on lynche), après avoir été portés aux nues durant le Covid, nous sommes jetés aux orties. Les professionnels de santé sont montrés du doigt dans des amalgames pitoyables, dénigrés, méprisés à n’en plus finir.

Avec les autres professionnels de santé, les infirmières et les infirmiers libéraux sont sans nul doute l’une des professions les plus contrôlées. L’arsenal répressif s’étoffe désormais de mois en mois : Commissions des pénalités, tribunaux des affaires de sécurité sociale, procédures ordinales, déconventionnement en urgence, article 102 de la LFSS permettant la fixation d’indus par extrapolation, projet de suspendre automatiquement la participation de l’Assurance Maladie à la prise en charge des cotisations des professionnels de santé si l’administration considère qu’il y a fraude et ce sans procédure judiciaire contradictoire. Quel sera le prochain outil pour nous châtier ?

Ceux qui connaissent notre profession savent que notre nomenclature d’énarques est à bien des égards hors sol et incompréhensible.

Ceux qui connaissent notre profession savent que les ordonnances médicales ne correspondent que rarement au libellé de notre NGAP.

Ceux qui connaissent notre profession savent que nous faisons dans l’immense majorité notre travail consciencieusement et honnêtement.

Ceux qui connaissent notre profession savent que nous sommes de plus en plus impactés par la pénibilité de notre métier, par les exigences des patients, par les violences, par la menace des indus, par le matraquage des pouvoirs publics.

On ferme des lits d’hôpitaux, on bloque les honoraires des infirmières et des infirmiers libéraux depuis plus de 10 ans et on nous annonce l’embauche de 1000 fonctionnaires pour nous contrôler encore un peu plus alors que les CPAM disposent chacune de plusieurs centaines d’agents et que l’informatisation et l’automatisation se renforcent. On marche sur la tête…

Tous les résultats des consultations menées par Convergence Infirmière sont unanimes : notre profession est à bout. Certains se reconvertissent, d’autres se préparent, les derniers y pensent sérieusement.

Que veut-on ? La mort d’une profession ?

Que cherche-t-on ? A détruire des individus ? Des familles ?

Nous ne voulons pas de larmes de crocodiles, ni de déclarations de circonstances et encore moins de grand-messe ministérielle lorsqu’une infirmière est tuée, qu’une autre est agressée ou encore violée. Nous voulons des ACTES, DU RESPECT, DE LA RECONNAISSANCE !

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