QUAND LES PHARMACIENS PIQUENT… ILS PIQUENT AVANT TOUT LES SOINS AUX INFIRMIERS LIBÉRAUX !

► Convergence Infirmière dénonce une perte d’activité pour la profession d’infirmière libérale et l’instruction d’une surfacturation à la collectivité… à ses dépens.

Selon le rapport d’évaluation de la Direction Générale de la Santé (DGS) remis dernièrement au Parlement, quelques 160 000 vaccinations contre la grippe ont été effectuées en pharmacie en 2017-2018, dans le cadre de l’expérimentation conduite en Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle-Aquitaine. Un coût chiffré à… 1,4 million d’euros… mais ce n’est pas tout ! La vaccination en officine a eu la conséquence que nous redoutions : une baisse d’activité pour les infirmiers libéraux.

DES DÉSERTS MÉDICAUX TOUJOURS… DÉPEUPLÉS

Rappelons tout de même que les pharmaciens recevaient 4,50€ pour chaque patient vacciné détenteur d’une prescription, 6,30€ pour celui qui possédait un bon de prise en charge et un forfait supplémentaire de 100€ s’ils effectuaient un minimum de 5 vaccins.

Si les bons de prise en charge ont représenté un coût de 933 000€, les pharmaciens se sont également vus versés 457 000 € au titre de la rémunération forfaitaire. Un chiffre élevé, d’autant que la vaccination à l’officine n’a pas été véritablement plébiscitée dans les zones de déserts médicaux (10% des pharmacies participantes, pour seulement 9% des vaccinations pratiquées).

UNE COUVERTURE VACCINALE STABILISÉE À 0,1% !

Au final, alors que le nombre de vaccinations réalisées par des infirmiers a diminué d’environ 6% dans ces deux régions par rapport à l’année précédente, les mesures mises en œuvre et les fonds débloqués en faveur des pharmaciens ont permis à la couverture vaccinale de ces deux régions de se stabiliser à… 0,1% !

Ce, alors qu’une campagne vaccinale sans précédent, accompagnée d’articles et de publicités en faveur de la vaccination dans ces officines, a été réalisée pour ces professionnels et pour une somme dont on ne connaît pas le montant !

Une démarche des autorités particulièrement discriminante, irrespectueuse des règles de concurrence… et à laquelle les infirmières libérales n’ont jamais eu droit, puisqu’elle s’est précisément faite à leurs dépens !

UN RETOUR SUR INVESTISSEMENT TRÈS MODESTE…

Bref, alors que l’expérimentation a été reconduite en 2018-2019 dans deux régions supplémentaires (Hauts-de-France et Occitanie), alors que la généralisation de la vaccination antigrippale à l’officine est prévue dans la loi de financement de la sécurité sociale, alors que l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam), la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo) viennent de signer un avenant en détaillant la mise en œuvre, Convergence Infirmière s’interroge sur le retour sur investissement (1 400 000€ dépensés pour couvrir 0,1% de ces territoires), comme sur l’effet délétère d’une telle opération

LE ″DOUBLE EFFET KISS COOL© !

Un ratio qui nous semble pour le moins ridicule, la dépense étant disproportionnée eu égard aux résultats obtenus. Le gouvernement a fait appel aux officines pour augmenter la couverture vaccinale… mais c’est raté !

Ainsi, concrètement, les pharmaciens bénéficient d’un forfait largement supérieur à celui des infirmières, mais les résultats ne sont pas à la hauteur de ces émoluments. C’est ce que l’on appelle communément le ″double effet Kiss Cool©″…

En conséquence, Convergence Infirmière a décidé de lancer une enquête plus complète auprès des infirmières des quatre régions impactées, afin de corroborer les chiffres avec nos propres analyses ; lesquelles pourraient nous confirmer que pour la campagne de vaccination 2018-2019, ″Pierre a bien été déshabillé au profit de Paul″…

Menu