L’Union Nationale des Associations Agréées a tout récemment publié son rapport* sur les revenus des professions libérales. Selon l’analyse de cette structure qui regroupe 83 organismes de gestion agréés sur l’ensemble du territoire national, l’année 2022 a été l’une des pires pour les professionnels de santé qui exercent en libéral en termes de revenus. Les infirmières et les infirmiers libéraux sont dans le peloton de tête des professions impactées.

Tout était écrit et Convergence Infirmière n’a de cesse de dénoncer depuis longtemps cette évolution délétère. Entre 2012 et 2022, l’inflation cumulée atteint près de 15% tandis que nos honoraires n’ont pas été revalorisés d’un iota. Carburants, Carpimko, URSSAF, logiciels de facturation, prévoyance, EPI tout a augmenté pour les IDEL.

Même si la population vieillit, même si les maladies chroniques explosent, même si le virage domiciliaire est amorcé et que le nombre de patients et de soins a donc cru à domicile, le nombre d’IDEL a lui aussi notablement augmenté, plus de 60% en 15 ans (près de 78000 en 2009, aux alentours de 125 000 à l’heure actuelle).  Le volume d’activité a donc stagné voire baissé pour certains.

Le constat est alarmant : nos recettes ont diminué de 1,5% en 2022 et nos bénéfices ont chuté de 7,3% sur cette même année. Ce n’est pas la misérable revalorisation de l’IFD de 25 centimes qui va changer quoi que ce soit à cette évolution très inquiétante. D’autant plus qu’elle n’entrera en vigueur que le 28 janvier 2024 alors que l’inflation atteint des sommets depuis des mois et des mois et qu’elle continue d’être forte, en totale décorrélation avec toute notion de revalorisation d’honoraires attendue par la profession.

Concrètement, nous sommes obligés de travailler plus pour gagner moins. Les infirmières et les infirmiers libéraux souffrent plus que jamais, à la fois physiquement et moralement. La pénibilité de notre métier grandit tout comme la charge mentale avec les contrôles, les indus, les menaces, les violences verbales et physiques.

La situation des infirmières et des infirmiers libéraux est véritablement critique. Nous appelons le nouveau Ministre de la santé Aurélien Rousseau à prendre réellement en compte ce niveau de gravité, à sortir des vieilles recettes et des calculs comptables. Derrière les infirmières et les infirmiers libéraux, derrière les soignants, il y a des patients qui seront bientôt laissés pour compte.

Convergence Infirmière, syndicat farouchement attaché à la défense des réalités de terrain, ne manquera pas de faire état de cette situation à M. Aurélien Rousseau et de lui faire part de ses propositions de bon sens pour que les IDEL soient respectés et considérés et que les patients puissent continuer d’être soignés à domicile partout sur le territoire national.

Rapport >>> https://www.unasa.fr/wp-content/uploads/2013/01/2022-Recueil-UNASA.pdf